Hélène Sturm • La chambre de Rogojine (II-05)

Nous publions le Livre II de La chambre de Rogojine, fresque parallèle de personnages dostoïevskiens, dans la plus pure tradition mélancolique et burlesque d’Hélène Sturm — auteur de Pfff (Joëlle Losfeld) en 2011, et tout récemment, cette année et chez le même éditeur, du roboratif Walter, véritable manuel de littérature portative. Et cette fois c’est au format théâtral.


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LIVRE II

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Dans une voiture tirée par des chevaux, un homme et une femme se font face. De grandes écharpes de laine leur couvrent le visage, sauf les yeux. « On est aux premiers jours d’octobre. Il y a du brouillard sur la campagne ».


H. — Puis-je me permettre, Madame, de vous poser une question ?


Un temps.


H. — Non, ne me répondez que si le voulez, si vous ne le voulez pas, ne répondez : est-ce-que vous avez lu Madame Bovary ?
F. — …
H. — Excusez-moi, je ne voulais pas être indiscret.
F. — Vous aviez dit que je n’étais pas obligée de vous répondre, et comme je n’avais aucune envie de vous répondre, je ne vous ai pas répondu. Partant du principe que vous étiez sincère, je me suis permis de l’être autant que vous, et tant pis pour vous si vous ne l’étiez pas.
H. — …
F. — Surtout ne répondez pas, je ne vous ai rien demandé.


Ils regardent le paysage autour d’eux.


H. — « Des vapeurs s’allongent à l’horizon, contre le contour des collines
F. — » On aperçoit au loin les toits d’Yonville.
H. — » Une lumière brune circule dans l’atmosphère tiède.
F. — » Vous êtes calme, sérieux, mélancolique. » (Gustave Flaubert, Madame Bovary)



A suivre : 123456789

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