Michel Woelfflé poursuit une œuvre obstinée, lancinante, dont la nuit est partie prenante. Nous sommes honorés d’accueillir une série de leçons de ténèbres dont il est coutumier. Il vit aux confins de la Drôme, “au sein de cette nature minérale, originelle et solitaire qui de plus en plus m’est intime et inspire mes poèmes…”
On me voulût dans l’ombre
mon visage était-il cette loi ? J’y demeurai pourtant… Je le sentais qui prenait place.
Mes mains ne pouvaient toutefois le parcourir. Posées sur lui en maints endroits longtemps elles hésitaient.
A travers elles de la chair même dont elles s’imprégnaient elle tiraient un miroir. Elles le devenaient. Elles évacuaient le temps, s’entretenaient de lignes, de points, d’os, de sang. Jour après jour elles cherchaient la fidélité. Derrière elles mon visage. Silencieux. Horrifié. Cherchant la paresse du temps, ne découvrant que son impatience à envahir mes traits. Mes mains lui appartenaient.
A la longue pourtant elles préférèrent quelques traces sur les murs. Des relevés, des doutes ? Je les suivis quelque temps, elles étaient avides d’un sable qui s’effritait sans cesse entre leurs doigts, elles escroquèrent ma pensée jusqu’au grognement. Les murs se vidaient. Leurs légendes apparurent, je crus bientôt apercevoir les reflets d’un feu, des lambeaux sans nom. Tout était suspect. La terre tremblait énormément.
Pendant ce temps je marchais beaucoup moins, puis peu. J’exagérais. J’exagère sans doute.
Peu à peu l’ombre sembla se désintéresser de moi. L’extérieur revint.
Les hommes étaient là dit-on et sans doute on me les montra.
Un soleil et des bras et des jambes qui s’agitaient.
Proche d’un impossible aveu, j’approchai.
Qu’advint-il ?
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