Luc Garraud | Debout

Luc Garraud qu’on a déjà accueilli par le passé dans Hors-Sol propose aujourd’hui une longue série de textes brefs, qu’il appelle Herborisations, et dont voici, dans cette suite, neuf extraits.
 

 

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Debout dans le bus, chaque fois, c’est mieux pour voir dedans et dehors en même temps, juste en face de la porte qui s’ouvre, s’occuper comme on peut, dans les allées et venues du quotidien, rien ne se passe vraiment et plein de choses inutiles, remplissent l’espace, dans la nuit c’est pareil, on fend l’air chaud à la fenêtre du haut de la maison sous les toits, on sent l’histoire naturelle passer, fendre l’air, la grande baie triangulaire, qui se remonte comme la lame de la guillotine, voir vite et loin, le long jour qui s’éteint, le brouillard qui tranche sur la peau du temps, faire glisser ses doigts, sur le sable brillant du soleil radieux, à ne rien comprendre de ce qu’il se passe, ce que l’on voit devant, de ce qu’il va arriver quand la porte du bus s’ouvrira sur la marche du trottoir mouillée le matin, milliers de pavés usés que l’on garde pour la beauté des pierres, les pas affolés, la pluie sèche, le vent, qui transporte tout, des phrases pleines de mots fragiles, on regarde où l’on met ses pieds en espérant que tout va bien se passer quand debout dans le bus à observer partout la porte se refermera sur la nuit.

 

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