297. King Crimson, Red, 1974 | BV

 


 

Passons sur l’exécrable pochette : ça commence du tonnerre, comme du Crimson King.

Mais ça finira vite, puisque l’album marque la fin de la production du groupe pour les années soixante-dix, première fausse sortie. Réduit à un trio (Robert Fripp, Bill Bruford, John Wetton), bien qu’enregistré avec les anciens membres Ian McDonald et Mel Collins, le disque traduit la lassitude de Fripp qui, sous l’influence de Georges Gurdjieff dit-on, considère comme révolue l’ère jurassique du rock progressif — étrange pressentiment en cette année où les premiers sérieux punks font leur apparition notamment dans l’Ohio.

Cela n’empêche pas de détonner, dès le deuxième morceau, avec ce lyrisme digne de Barclay James Harvest, un rien désuet (et musical-fantasy), un premier morceau bien lourd et un troisième qui ramène carrément au premier album (In the court of the CK, #291). Voilà pour la première face. La seconde retient en effet ce style, qui est donc le leur, le vrai, pour Starless, après un truc expérimental passable.

Or ce dernier morceau est une excellente sortie en matière. Les notes lancinantes du long pont ébruitent d’abord des paysages stimulants, pour finalement se résoudre en une remarquable composition cinématographique aux accents brutalistes, qui malgré les limites du genre, nous donnent des plaisirs presque malsains, comme après un repas trop arrosé d’avoir trop mangé.