883. Eminem, The Marshall Mathers Lp, 2000 | BV



 

I’m like a head trip to listen to, dit Eminem dans ce troisième album (probablement celui qui est le plus connu), et effectivement, on est convié à un long voyage de mots, impeccablement battus et posés sur le coup (beat). Pas facile d’entrer avec une réalité qui nous échappe, mais l’hommage appuyé au rap de gangster de Dre, Dogg & Dogg, donne une belle manière d’anastomose entre le désastre biographique de Mathers et l’histoire du rap au moment où viennent de disparaître Tupac, B.I.G, et tout juste après Columbine. On entend d’ailleurs Dre, on sent la présence de Dre (quand il n’est pas cité ou quand il ne prend pas directement le micro) partout, et dès le premier morceau, Kill you (point haut, avec Stan feat. Dido, The real Slim Shady, Marshall Mathers, I’m back…) : le silence comme coup (beat).

Comme souvent ou presque chaque fois, ces albums de hip-hop sont trop longs (j’ai une boîte : dois-je la remplir à ras-bord ?), et l’on se perd parfois dans les chansons qui ont le défaut pour un francophone d’être en anglais, mais il est certain qu’Eminem, rappeur hors-pair (et c’est une tarte à la crème), parvient à trouver ici une voix pour exorciser ses démons — et ceux de la musique noire.