244. Albert Ayler, Love cry, 1968 | BV

 


 

Des disques d’Albert Ayler, souvent sans compromis, jaillit un flot de sons aussi violents que beaux, qui nous laissent sans voix à notre tour. Cet album est probablement moins impitoyable et, à l’image de la police du titre sur la pochette, nous emmène volontiers vers des paysages plus amènes, même si bordés de gouffres acides.

Et en effet, les morceaux enchainés ici exposent improvisations et musiques entraînantes, au pied de la fanfare en marche. On conçoit l’effort, pour Impulse!, de vouloir polir un Ayler par ailleurs notable de libertisme (Spiritual unity), et le fait qu’il reprenne ici des morceaux par ailleurs bien connus (quoi qu’ailleurs plus exigeants encore, Ghosts, Bells) le démontre.

On rejoint parfois Coltrane ou Shepp dans les sphères cuivrées du jazz acide.

Néanmoins Ayler reste maître de son jeu, le groupe (avec son frère Donald, dont c’est le dernier enregistrement avec lui, Carl Cobbs, inégal, section rythmique, Alan Silva-Milford Graves au top) suit, et chacun maintient la tension free jusqu’au bout des ongles, et des mesures parfois hardies… tout en laissant, étonnement, un goût mélodique entêtant, même une fois l’album terminé.