
Difficile de trouver un album aussi iconique dans l’histoire de la musique populaire…
Ça commence fort, par une balade, ce qui rompt tous les codes admis jusque là, surtout pour un groupe de « rock », mais dès le second morceau on mesure ce que va défoncer l’album sur son passage.
La voix nasillarde de Reed avec son accent pas possible, et ces paroles — pour le coup — explicites, à mille lieux des gentilles expérimentations anglaises ou californienne, c’est toute la violence de la ville qui vous tombe dessus ; et il remet ça, le bougre, un peu plus loin avec Heroin, d’une beauté formelle froide indiscutable. Difficile d’imaginer qu’au même moment on chante All you need is love, ou Somebody to love ; même les accents les plus raides de The end ou de Goin’ home semblent gentillets en comparaison, ces mecs et ces nanas ont décidément une longueur d’avance.
Et pas seulement concernant leur modernité, mais aussi sur leur maturité, dans les paroles ou l’approche.
Mélangeant des styles très différents, avec des réussites très différents (Run run run fait pâle figure à côté du smithien Venus in furs) et l’association d’un versant arty (celui de Cale, et donc de Nico, puis de Warhol) avec une énergie plus basiquement rock (Reed) est osée, il fallait la tenter, et pour un moment ça fait bien illusion (par exemple All tomorrow’s party) ; en outre, maturité disais-je : ce sont des visions, des flashs, car on a aussi des chansons très 60’s (There she goes again, Sunday morning donc, I’ll be your mirror).
Ensuite, il y a les excès de tout ce qui est trop expérimental (European sons, bon), et puis la mousse, qu’il faut secouer pour accéder. L’album reste une sruprise, toutefois, je pense, dans la vie d’un auditeur, il est original et dans son hé »téroclicité », cohérent ; The Black angel’s death song est typique. Si on laisse ce côté faussement bohème, qui pour moi nuit à l’ensemble (l’horrible production de Warhol), on peut passer un bon moment.