Talk Talk, comme chacun sait, a débuté par une pop FM accessible, et produisit trois premiers albums dont le troisième semble furtivement désigner un point d’horizon qui pouvait sembler flou ; avec cet album, en 1988, cet horizon se cristallise avec une évidence presque vulgaire. Une atmosphère mystérieuse, probablement mélancolique, et fortement mature, se dégage des premières notes de l’ouverture.
L’harmonica strident ou la dissonante guitare viennent rappeler tout de même son origine à la musique, malgré les cuivres ou le piano. Avec des morceaux de plus de 6 minutes en moyenne, sans mélodie facilement identifiable, plus aucune chance cette fois de passer en radio. En revanche, la musique passe très sereinement entre nerf et synapse et dégage des paysages très littéraires, les mots bien sûr et la voix obliques de Mark Hollis y étant pour quelque chose. Annonciateur d’une certaine scène des années 90, cet album prépare surtout secrètement le chef d’œuvre qui suivra, Laughing stock (#9).