Des multiples et variés albums de Sun Ra présents dans la Souche, celui-ci tranche peut-être par la concession qu’il fait, notamment dans ses trois morceaux centraux, avec le temps présent, dans une espèce de jazz fusion entre africasme et fusionisme (ou milesdavisme ; rappelons qu’on est en 78 (juste après Agartha (#703) et Pangaea (#590)).
C’est finalement une excellente entrée en matière dans l’univers, dans la cosmologie, de Sun Ra, mystique fasciné par l’infini de l’univers, mais solidement ancré aux terres africaines, revisitant le monde du jazz à travers des lumières déformantes.
En effet, on est ici assez peu dépaysé pour ce qui est de la structure (funk ou fusion) des morceaux, et on reçoit tout de même, sur le fond rythmique obsessif et régulier, la grâce des différents claviers de Ra, non que le (très apprécié ici) baryton de Danny Ray Thompson.
On fait ainsi un saut depuis le mingusien Lanquidity, à travers ces trois morceaux de funk, jusqu’au très sunra-ien (étrange, excentrique, mystique, improvisant) There Are Other Worlds (They Have Not Told You Of) qui pourraient conduire l’auditeur à de plus amples excursions dans cet univers immense et coloré.