597. Randy Newman, Sail Away, 1972

 




 

Sujet délicat, client difficile. Il y a quelque chose de Paolo Conte chez Randy Newman… et c’est probablement leur point commun : cette ironie, qui dénote une certaine supériorité, n’est jamais chienne (sinon cabotine). (Ni d’ailleurs dépressive comme deux autres têtes dures, Dylan et Cohen).

Comme Conte, mais las des comparaisons ! cette vision permet à Newman de jouer son numéro de pianiste de saloon dans un groupe pop, avec la même étrangeté que si Elton John intégrait Nine Inch Nails, ou Roger Waters les Bee Gees.

Mais le gars a du talent (en moins de son esprit je veux dire), et dans les mains, et dans la voix et dans les paroles (mais n’est-ce pas tout la même chose) et avec des morceaux tour à tour puissants ou sombres (merci Ry Cooder), une gamme qui va de You Can Leave Your Hat On à Old Man ou God’s Song (That’s Why I Love Mankind), franchement inspirées, il fait bien de se saisir de cette conscience.

N’oublions pas que nombre de ses chansons ont été interprétées par d’autres (Cocker pour Hat…, ici, mais aussi Simon Smith and the Amazing Dancing Bear par Alan Price puis Harry Nilsson) ou reprises par exemple dans des films (He Gives Us All His Love dans Cold Turkey, Burn On dans Major League).

Il y a quelque chose du monument ici, ou plutôt de son revers, comme une larme finale versée dans le verre d’un toast à l’Amérique de l’entretiennement.