Le hasard nous fait tirer cette galette improbable, dont l’association de la pochette et du son montre à la fois le sel et le paradoxe, qui est pourtant régulièrement citée comme l’un des fleurons du psychédélisme.
Cette musique livrée par UFO à des adolescents qui venaient de se reconnaître (et voulurent le rester à tout jamais), mais qui, une fois les brumes du Shambala se sont dissipées, le public et le mage des platines découvrirent avec stupeur que ces jeunes gens étaient des cow-boys qui écoutaient du blues graisseux issus du Mississippi.
Et en effet, à côté des compositions locales de Gary Duncan, l’un des deux guitaristes (avec Greg Cipollina très en forme), on retrouve une étonnante Mona de Bo Diddley, et une encore plus surprenante variation de Who do you love ? d’Ellas McDaniel, alias… Bo Diddley ! Variations reprise au compte du groupe sous les titres astucieux When you love, Where you love, How you love et Which you love…
On pourrait croire que cette longue suite, recouvrant la moitié du disque, sera tout à fait rébarbative, mais, si l’on s’autorise à se prêter au jeu du psychédélisme, il n’en est rien. C’est même assez intelligemment réussi, sans esbroufe, et parfois même avec, je n’irai pas jusqu’à dire de la sobriété, mais une forme de retenue, peut-être le poids de l’hommage à l’idole.
Les autres morceaux du groupe oscillent entre cette verve voyageuse et la balade typiquement américaine, confirmant, au besoin, que le psychédélisme s’ancre bien dans un
territoire imaginaire qui s’étend entre Big Sur et Fort Alamo, et, loin du rock progressif plutôt britannique, reste une musique de colon alternatif…