
Que les choses soient claires, j’aime beaucoup, beaucoup, mais beaucoup, Prince.
J’ai écrit un livre, qui n’a pas paru, sur lui. Je l’ai vu en concert, je l’ai vu en after, j’ai dansé avec lui, j’ai nagé avec lui.
J’aime beaucoup de choses de lui, ses paroles, son malin génie, son astuce, son esprit, son intelligence, son talent, son style. Ok. Ensuite on ne peut constater qu’il peine, incontinent qu’il est, à réaliser un album complet cohérent et soutenu. Pour ma part je trouve une exception, et c’est Parade (#89). Mais Sign o’ the times est une exception dans l’exception.
D’aucuns disent que c’est le pic créatif du pourpre-follet. Universellement acclamé, il pose le rythme, la liberté, et la puissance de l’artiste. C’est certain.
Il y a donc tout un tas de morceaux, puisque c’est un double-album, très hétéroclites, comme de convenu. Des trucs pour s’éclater comme Housequake, des trucs qu’on dirait sortis d’un Atari (The Ballad of Dorothy Parker), des cris, des pleurs, des geignements, des chansons pour aller bosser, d’autres pour ken, d’autres pour chialer sa race, d’autres pour pier, d’autres enfin pour les blancs.
Il y a un coup de génie (Strange relationship, magnifiée en live 15 ans après).
Mais il me semble que la pochette dit tout cela mieux que quiconque ne le ferait quiconque (et je passe aussi sur la production). Aussi, pour conclure, il faut le dire, et aller l’écouter : il y a surtout un PUTAIN DE CHEF D’ŒUVRE, sur cette galette, qui est la chanson éponyme, Sign o’ the times. À la fois grasse et brillante, concernée et relâchée, étonnamment instrumentalisée, guitare présente sans excès, paroles idoines, c’est un sacré petit bijou, d’une force esthétique telle que, s’il l’avait étendue à son royaume, il en serait devenu le souverain.