257. Portishead, Dummy, 1994 | BV

 


 

Un classique des années 90. Et pas des moindres. Alors qu’un rock dit alternatif prend ses aises (poursuivant simplement le punk, comme le punk poursuivait le deuxième âge du rock, celui des années 60, lequel poursuivait le premier, etc.), avec PJ Harvey, que le hip-hop s’y frotte avec Beck, qu’une electro pop s’affirme et comment avec Björk — et tout ceci sur fond de grunge mené par Nirvana et Pearl Jam — une nouvelle brèche s’ouvre, qu’on appellera trip-hop, et qui s’incarne avec Massive Attack : les territoires, comme à l’aube des temps, se répartissent. Et tout à coup Portishead semble synthétiser tout cela, hip-hop, punk et autre, oui, peut-être du trip-hop, mais on ne peut nier ni l’énergie punk ou post-punk si on veut, et le côté exigeant qui ne rechigne pas à des ambiances progressives.

L’album commence très fort avec trois morceaux qui donnent la couleur, trois morceaux relativement différents qui démontrent toutes les qualités du sample (Geoff Barrow), de la guitare (Adrian Utley) et de la voix (Beth Gibbons).

C’est un choc, un nouveau choc, qui est porté à l’international, lol, par ce tube absolument imparable, un nouveau My baby juste cares for me du genre, Glory box, que tout le monde connaît (et qui est parfaite, comme Jóga, Loser, et Down by the water). Quand l’album sort, on ne connaît des impétrants cités, encore, que Debut (prometteur évidemment, #492), Mellow gold (#461) qui vient de sortir, et Rid of me (#172) : c’est-à-dire qu’ils ont fait leur meilleur album jusque là, qu’ils n’ont pas fait encore leur meilleur meilleur (!) (Homogenic (#68), Odelay (#170) et To bring you my love (#72)), et débarque Dummy (Massive Attack publiera Mezzanine en 1998, mais je pense qu’ils savent qu’ils ont perdu cette partie-là).

Et comme les autres, ce n’est encore rien face au successeur éponyme (#12, mais premier ex-æquo). Hâte !