
Comment mieux finir l’année, et cette deuxième série de chroniques hebdomadaires, avec un album que je tiens pour l’un de mes vingt ou dix préférés de la création.
J’ai utilisé l’album pour des improvisations poétiques : https://www.amboilati.org/chantier/echos-maisons/.
C’est du pur Pere Ubu : du délire, du rire, et de l’expérience limite. Après une ouverture en trombe, On the surface décrit cette mixture on ne peut mieux. Et on enchaîne avec inénarrable et remarquable titre éponyme, clavier et lancinant saxophone ponctué de vocaux spirituels, solidement ancré à la guitare où vient se plaindre la voix du frontman David Thomas, qui se termine sur des hululements improbables (uh-uh-uh-uh-uh-uh-uh) hantés par un François Hollande fantomatique (heuuu, heuuuuuu). De même acabit, Caligari’s miror, qui suit, réécriture du classique chant de marins Drunken sailor, débouche sur un étrange Thriller! bruitiste. S’ensuivent des morceaux classiques de post-punk, et puis, comme si cela ne suffisait pas, deux perles (et deux de plus !) : le moderne Blow Daddy-O et le mystérieux et inquiétant Codex.
À la fois comique, pathétique et enragé, l’album est l’un des meilleurs efforts du genre, associant facilité et distorsion, paysages et claustrations, typique de l’ère sombre qui s’ouvre ces années-là — et qui colle tout à fait à notre temps.
I think about you all the time…