499. Paul Simon, Paul Simon, 1972 | BV



 

Il y a quelque chose d’indécent dans la manière dont Paul Simon parvient à réaliser des choses simplement et excellemment. Un disque de folk, ce n’est pas vraiment facile à faire, le premier (ou deuxième en réalité) encore moins. Et commencer, en 1972, par un reggae enregistré directement à Kingston, c’est gonflé. Gonflé comme cette pochette avec sa tronche et ce manteau que certains pourraient qualifier de ridicule. Et pourtant rien de moins ridicule, dans ce tel qu’en la photo. Paul Simon est plein, et honnête. À ajouter qu’il joue bien et chante parfaitement, il a donc tout pour réussir.

Il y a du Nick Drake pas loin (Everything put together falls apart, Armistice day), il y a éventuellement un autre Paul dans les arrangements (Run that body down, avec Ron Carter), mais il y a surtout du Paul Simon qui, sorti de sa relation avec Art Garfunkel, démontre qu’il comptera bientôt beaucoup à New York, dans la chanson, et dans la musique populaire. Il y a plusieurs chansons célèbres (Me and Julio down by the courtyard, avec Airto Moreira, comme la pénultième citée, et sa face B, le très malin Paranoia blues), de la cuíca et des gammes dissonantes, du doggerel, et même Stéphane Grappeli. Il y de la tendresse, de l”humour, du cynisme et tout ce qui fait à peu près Simon jusqu’ici : la classe.