Sur une pulsation décisive, une fraîcheur déconcertante. Si le mot free jazz existe déjà, voilà la toute première improvisation libre enregistrée. Paradoxalement beaucoup plus existante que bien des essais successifs, alors même que les musiciens n’ont aucune feuille de route, Coleman poursuit le chemin ouvert avec The shape of jazz to come (1959, #122), et c’est peut-être ce jazz-là (qui est venu).
Pour l’occasion, une audace : on embauche un deuxième quartet, et on mixe chaque quartet sur un canal, à gauche Coleman, accompagné de Don Cherry à la trompette, Scott LaFaro à la contrebasse et Billy Higgins à la batterie, tandis qu’à droite on a Eric Dolphy à la clarinette, Freddie Hubbard à la trompette, Charlie Haden et Ed Blackwell à la batterie. Du beau monde donc.
Le résultat, une seule piste de près de quarante minutes (il y a un bonus sur les versions actuelles), absolument saisissante.