856. Manu Chao, Clandestino, 1998 | BV

 


 

Probablement l’un des disques les plus célèbres de ma génération, un disque usé jusqu’à l’os. Il était chez tous les monde, dans toutes les bagnoles et dans tous les rades, sans compter la radio.

Eh bien sans doute l’a-t-on beaucoup, beaucoup trop écouté, beaucoup trop écouté, aussi, subséquemment, nous ne l’avons plus du tout écouté.

Il représente en force l’espèce d’engagement artistique, esthétique, et même social typique des années 90, des forums sociaux, et du jospinisme. Il représente aussi, paradoxalement, l’échec total de cette époque, il symbolise en quelque sorte le mur de la réalité ou toute cette époque s’est fracassé, peu après… le retour de la droite, l’éclatement de la gauche plurielle, puis l’échec de Seattle, le désastre de Gênes, la catastrophe du World Trade Center.

Mise à part la nostalgie qui peut saisir l’auditeur convalescent, et compte-tenu, par conséquent, des limites de la production, des arrangements et de l’atmosphère même, il faut avouer que cette suite hyper cohérente de chansons a finalement, étonnement, plutôt bien résisté au temps. Cela ne mange pas de pain, mais ça ne évanouit pas pour autant dans l’arrogance ou la vanité.