933. Kool Keith, Black Elvis / Lost in space, 1999 | BV

 


 

Il m’est toujours difficile d’écrire une chronique sur un disque de hip-hop ; si je l’apprécie (et on ne trouvera dans la Souche à peu près que les disques que j’apprécie, la vie est trop courte), ce sont pour ses qualités intrinsèques, avec deux limites majeures : je n’ai pas une très grande culture du mouvement (ni historique, ni esthétique) et, s’il n’est pas en français, ce qui arrive dans le rap, souvent je ne comprends rien aux paroles, qui sont pourtant paraît-il essentielles en hip-hop.

Donc je chronique à vue. Réécoutant ce drôle d’objet vert, je me sens tout de suite bien (même dans l’intro qui souvent ressemble plutôt à du remplissage inutile).

Kool Keith (aux multiples identités dont l’influent Dr.Octagon) connaît son affaire (le flot, le touche, etc.), mais à la différence de ses camarades, une touche d’excentricité, comment dire, retenue, un côté pince-sans-rire, soutient tout ici des paroles aux samples, des rythmiques au flot. Certes, on est informé des performances sexuelles du bonhomme (Supergalactiv lover), et on a droit à tout le tralala du hip-hop dont visiblement les gens ne sont pas lassés après quarante ans de muscles, de chibres et de bagnoles à la noix.

Mais il y a quelque chose d’abstrait dans ces sons, comme si Antipop Consortium était passé par là, avec même parfois un débit presque proche d’un Zack de la Rocha (de RATM). Comme d’habitude, c’est trop long, mais on est tout de même enchanté par ce son interstellaire, futuriste, faussement sérieux, qui raconte des histoires bizarres comme dans I’m Seein’ Robots ou Lost in Space… le Black Elvis, avec sa banane, nous emmène dans un monde bizarre, pour le moins original dans le paysage très codifié du genre.