530. Enzo Janacci, Fotorecord, 1979 | BV

 


 

Janacci est un autre ovni de la chanson plus ou moins pop plus ou moins rock italienne, au même titre que Battiato ou Gaber… des auteurs tellement pleins de leur écriture, reconnaissables au premier coup d’oreille, et intrigants.

Ce n’est peut-être pas le meilleur album (je préfère le suivant, Ci vuole orecchio, 1980, #420), mais au moins est-il original : il s’agit d’un recueil de morceaux déjà publiés ou enregistrés par lui ou d’autres en d’autres format, lesquels sont agrémentés de trois monologues plus ou moins irrévérents (Il ficus, Il labrador, Il sintetizzatore). C’est un album qui amène plus de visibilité à l’artiste, porté par Io e te, une classique balade italienne.

Mais l’introduction fantomatique de Natalia, la simplicité touchante de Mario (coécrite avec Pino Danaggio qui l’avait même publié), puis Ecco tutto qui (déjà enregistrée par Mina) e l’excellente Saltinbanchi sont décidément bien valables… et font de cet album, comme de multiples autres essais des années 70 des œuvres entières, expérimentales pour une part, celle où l’auteur se sert de sa chanson pour explorer des paysages neufs, plus ou moins inconfortables, en ce qu’ils doivent impérativement, semble–il, sortir de l’assiette de ces années dures par ailleurs.

On retrouve aussi du Conte, puisque Janacci reprend ici ses créatures, Sudamerica, et l’extraordinaire Bartali. Les arrangements sont osés, généralement maîtrisés du point de vue technique (le son de ces disques italiens des années 70 n’a rien à envier aux nôtres, et peu aux références anglaises ; étonnant comme tout est parti en eau de boudin dans les années 80).