117. Dominque A, La mémoire neuve, 1995| BV

 


 

Dominique A a représenté pour moi, pendant un temps, parmi les écritures les plus exigeantes que les belles et insouciantes et nerveuses et déprimées années 90 ont pu nous offrir, et c’est à partir de cet album qu’il s’affirme au plus grand nombre.

C’était l’effervescence d’une espèce de renouveau de la chanson française, porté par Dominque Ané, mais aussi Têtes Raides, Katerine, Yann Tiersen ou Noir Désir, pour citer des gens très divers (et Louise Attaque, et Miossec, et Thomas Fersen…) Tous collaboraient plus ou moins ensemble, et tous revendiquaient plus ou moins l’héritage de Bashung ou Higelin, mais aussi de Brel ou Brassens, et via plus récentes étincelles telles Rodolphe Burger ou Hubert-Félix Thiéfaine.

Cet album accède même aux bandes FM grâce à son beau single Le Twenty-Two Bar. Une orchestration d’une esthétique étrangement très cinématographique, presque western (Calexico), qui oscille, musicalement, entre les dingos de cette époque (Burton, Kustorica, Lynch, et oserais-je, Gaultier, Goude, Jeunet…). Dominique A reste sobre, et réservé, tout en étant généreux sur ces arrangements ; la voix de Françoiz Breut amène un peu de sombre légèreté. Les mélodies sont soignées. IL n’y a pas de recommandations (comme sur d’autres albums), dont on se passe, ni de tortures ad libitum. Il y a même un humour distancié qui se tient.. Dans la Souche, c’est le premier de l’artiste, devant Remué, puis La musique.