9. David Bowie, Low, 1979 | BV

 




 

On ne va pas directement, dans la grande maison Bowie, où presque rien n’est a jeter, soit dit en passant, vers Low, bien qu’on dise souvent que ce chef d’œuvre est son chef d’œuvre.

Eh bien, c’est un chef d’œuvre. Il est 9e, ce qui ne veut pas dire grand-chose, car les 16 premiers disques de mon fichier source, la Souche, ont tous une note de 5 sur 5 (ou 10 sur 10, ou 20 sur 20, ou Pi sur Pi, ou A, ou AAA, ou ce que vous voulez). Comme pour Monk, évoqué il y a quelques semaines, ce disque est l’un des seize meilleurs disques de musique populaire moderne de tous les temps. Voilà, ça c’est dit, on peut passer à autre chose.

Alors, sinon, on peut s’attarder sur plein de trucs, Berlin, Iggy Pop, ou la lecture poétique que j’ai faite de cet album dans un autre temps. Il n’en reste pas moins que : 1. ce n’est pas un disque fort dansant ; 2. on a pas mal d’électronique, qui repoussent largement les champs entraperçus depuis une décennie environ ; 3. il y a du Eno là-dedans.

Et que ça reste un chef d’œuvre à tous points de vue : les idées, les interprétations, les arrangements, le son, les musiciens ; le disque est d’une palpable cohérence. Plus âpre que Station to station, mais plus inspiré que Heroes, il mêle à la fois des morceaux plutôt rock (sans être pop ou destinés à la radio), plutôt face A, avec des mélodies ou des riffs plutôt classiques, avec les guitares et le piano et tout (bien qu’en quelque sorte tordus par les arrangements), et des pièces expérimentales, plutôt face B, souvent instrumentales aussi gothiques que profondes et intemporelles (ces trois adjectifs ne collent pas), comme Art Decade qui ressemble à un générique d’une émission datée, genre Il était une fois la vie ou l’homme dans une version cyberpunk, Il était une fois l’intérieur de David Lynch… On reste confondu par le hanté Warszawa ou l’étrange et lancinant Subterraneans, avec de belles notes de saxophone dudit.

Il n’y a qu’une chose à faire, de toute urgence : l’écouter, et le réécouter.