Archives de catégorie : Format

Virginie Gautier | Les déprises (07)

Les Déprises est un travail poétique en cours d’écriture, le débord d’un récit qui m’a amené à m’interroger sur la question des ZAD comme zones à défendre. Cette forme poétique est traversée par l’idée de recyclage.

Virginie Gautier mène un travail plastique autour de questions d’espaces et de paysage tout en enseignant les arts visuels. À partir de 2008, elle poursuit ses recherches à travers l’écriture, publie plusieurs récits aux éditions du Chemin de Fer ainsi qu’aux éditions Publie.net dont elle co-dirige la collection de poésie, L’esquif. Elle est actuellement en contrat doctoral en recherche et création littéraire et chargée de cours à l’université de Cergy-Pontoise.

 
 

-jeu des routes                    ils déroulent                    en travers                    un morceau de vil-

lage                    fabriquent une chaleur musicale pour traverser la nuit entière

un concert sans fin                    un remix de tous les morceaux                    les cagettes de

pain viendront bien                    les alcools seront tirés des caves                    ils trinque-

ront                    aux convois !                    aux buissons !                    aux dix haches

en état de marche                    au geste de planter son clou                    debout dehors

s’endorment dans un courant s’éveillent avec des voix comme des cymbales                    qui

dureront jusqu’au matin                    avec les grelots d’un troupeau de bêtes                    pais-

sant                    (plantain pissenlit)                    quand on n’a rien on trouve                    les

limes nécessaires                    on se souvient                    du fruit de l’églantier rosa canina qui

réduit les douleurs articulaires et améliore la fluidité du mouvem-

 

 
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Virginie Gautier | Les déprises (06)

Les Déprises est un travail poétique en cours d’écriture, le débord d’un récit qui m’a amené à m’interroger sur la question des ZAD comme zones à défendre. Cette forme poétique est traversée par l’idée de recyclage.

Virginie Gautier mène un travail plastique autour de questions d’espaces et de paysage tout en enseignant les arts visuels. À partir de 2008, elle poursuit ses recherches à travers l’écriture, publie plusieurs récits aux éditions du Chemin de Fer ainsi qu’aux éditions Publie.net dont elle co-dirige la collection de poésie, L’esquif. Elle est actuellement en contrat doctoral en recherche et création littéraire et chargée de cours à l’université de Cergy-Pontoise.

 
 

-nuit très noire/                    où l’on se cale                    on se lèche les plaies                    c’est

dehors qu’est la sauvagerie                    le monde hérissé de panneaux de balises

                    occupe toute la place                    te saisit par le col                    à revers

aussi c’est ça                    défaire                    c’est toute l’entreprise                    détourner les

tournures                    désosser les petites mécaniques                    _calés dans les fourches

d’un arbre ils imitent le cri de certains animaux                    (des oiseaux particuliers)

ils sont la présence invisible pendant les pourparlers                    avance peuple des noues

des roues des pieds nus                    foule masquée                    gens des caravanes

avance                    pour un énième traité de Grande Paix                    puis ramasse là tes

mauvaises graines                    dégage ton troupeau                    c’est assez joué avec l’enjeu

des rout-

 

 
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Virginie Gautier | Les déprises (05)

Les Déprises est un travail poétique en cours d’écriture, le débord d’un récit qui m’a amené à m’interroger sur la question des ZAD comme zones à défendre. Cette forme poétique est traversée par l’idée de recyclage.

Virginie Gautier mène un travail plastique autour de questions d’espaces et de paysage tout en enseignant les arts visuels. À partir de 2008, elle poursuit ses recherches à travers l’écriture, publie plusieurs récits aux éditions du Chemin de Fer ainsi qu’aux éditions Publie.net dont elle co-dirige la collection de poésie, L’esquif. Elle est actuellement en contrat doctoral en recherche et création littéraire et chargée de cours à l’université de Cergy-Pontoise.

 
 

-s’espace                    venus l’un par l’autre                    qui connaît quelqu’un qui connaît son

frère                    sa sœur de lutte de l’année dernière                     les ramène au printemps

                    ni trop jeunes ni trop âgés pour fonder cette nouvelle                    Amérique

à cet endroit les heurts sont inévitables                    (combien sont-ils dans l’habitacle ?)

                    ils vont et viennent avec des brins de paille                    le torse                    les

lobes                    la lèvre inférieure perforée d’un roseau                    tapissent un nid (un

four) d’argile jaune or                    vont et viennent avec une brouette                    comme gens

de brousse                    la terre crue qu’ils découpent                    _coupent                    tracent

surtout                    une pelote de lignes aux maillage des haies                    aux baraques

                    aux gourbis                    aux AG aux habitats légers                    des lignes sur

-tout                    des lignes jusqu’à la nuit très noir-

 

 
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Virginie Gautier | Les déprises (04)

Les Déprises est un travail poétique en cours d’écriture, le débord d’un récit qui m’a amené à m’interroger sur la question des ZAD comme zones à défendre. Cette forme poétique est traversée par l’idée de recyclage.

Virginie Gautier mène un travail plastique autour de questions d’espaces et de paysage tout en enseignant les arts visuels. À partir de 2008, elle poursuit ses recherches à travers l’écriture, publie plusieurs récits aux éditions du Chemin de Fer ainsi qu’aux éditions Publie.net dont elle co-dirige la collection de poésie, L’esquif. Elle est actuellement en contrat doctoral en recherche et création littéraire et chargée de cours à l’université de Cergy-Pontoise.

 
 

                    -de s’approvisionner                    fin                    de cette nature ancienne

des débris qu’ils mêlent au sauvage                    fondent par le feu les lames les ressorts

avec pointes et stylets                    gravats déchets reliques                    toute une grammaire

de désapprentissage                    des lieux-dits forgés de toutes pièces                    sur le

tard                    au pied levé                    car                    d’abord                    ils ne savaient

rien faire                    _hissent une tente                    une estrade                    une charpente

lanternent sur les talus plantés de bâtons qui repoussent                    [un grand moment pu-

blic]                    des champs remplis de cris et de secousses                    une foule s’amasse

qui est étrangère au bocage                    paroles jetées en l’air comme électricité

tout est offert puis dépensé                    dispersé                    s’espac-

 

 
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Virginie Gautier | Les déprises (03)

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Virginie Gautier mène un travail plastique autour de questions d’espaces et de paysage tout en enseignant les arts visuels. À partir de 2008, elle poursuit ses recherches à travers l’écriture, publie plusieurs récits aux éditions du Chemin de Fer ainsi qu’aux éditions Publie.net dont elle co-dirige la collection de poésie, L’esquif. Elle est actuellement en contrat doctoral en recherche et création littéraire et chargée de cours à l’université de Cergy-Pontoise.

 
 

                    -leur solidité                    le coupant de la hache                    le pied de bi-

che                    l’huile de coude                    la palette du même bois que le bois de l’ar-

bre                    à bras le corps                    le hangar                    en coque de bateau

en écailles                    petites peaux                    du même tonneau                    le dos cintré

tirant l’arc                    arquant la tige                    le piège                    cette chose bien pesée

disposée à distance                    sur la litière forestière qu’ils traversent en courant

trois bonds sorciers                    les longues pattes                    les manches relevées

perdent des plumes                    puis s’arrêtent                    devant un tertre                    une

chose à défendre                    _ici les carnivores feront les mammifères                    les

mâles les femelles                    les plus malins les amphibiens                    les historiques

de l’histoire continuent de creuser                    écorcent des troncs d’ivoire                    avec

les mains ramassent                    des résidus des graines                    faisant le geste de

s’approvision-

 

 
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Virginie Gautier | Les déprises (02)

Les Déprises est un travail poétique en cours d’écriture, le débord d’un récit qui m’a amené à m’interroger sur la question des ZAD comme zones à défendre. Cette forme poétique est traversée par l’idée de recyclage.

Virginie Gautier mène un travail plastique autour de questions d’espaces et de paysage tout en enseignant les arts visuels. À partir de 2008, elle poursuit ses recherches à travers l’écriture, publie plusieurs récits aux éditions du Chemin de Fer ainsi qu’aux éditions Publie.net dont elle co-dirige la collection de poésie, L’esquif. Elle est actuellement en contrat doctoral en recherche et création littéraire et chargée de cours à l’université de Cergy-Pontoise.

 
 

                    -capitonnés de feuilles                    à peine arrivés                    la zone enva-

hie                    à leurs manières légères                    ils donnent l’eau aux chiens d’un bidon

touchant terre                    les pointes des pieds déchaussés dans l’humide                    sur

l’herbe des marais où glissaient les pirogues                    (petites pirogues pour chasser

l’oie sauvage)                    un bout abandonné du monde                    l’occasion est trop

belle                    pour eux                    qui ont tourné longtemps                    la terre

gratuite                    cri des crapauds                    dans l’air tapage nocturne                    ils

ne savaient rien de ça                    du peu qu’il faut                    des branches à feu dites

fagot                    paroles en bouche à oreille                    un cercle autour                    lu-

mière vacille                    l’île est aux rats                    aux rats les miettes                    bientôt

tailleront pics pilotis                    pont de planches                    échelles connues pour leur

solidit-

 

 
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Virginie Gautier | Les déprises (01)

Les Déprises est un travail poétique en cours d’écriture, le débord d’un récit qui m’a amené à m’interroger sur la question des ZAD comme zones à défendre. Cette forme poétique est traversée par l’idée de recyclage.

Virginie Gautier mène un travail plastique autour de questions d’espaces et de paysage tout en enseignant les arts visuels. À partir de 2008, elle poursuit ses recherches à travers l’écriture, publie plusieurs récits aux éditions du Chemin de Fer ainsi qu’aux éditions Publie.net dont elle co-dirige la collection de poésie, L’esquif. Elle est actuellement en contrat doctoral en recherche et création littéraire et chargée de cours à l’université de Cergy-Pontoise.

 
 

                    Départ à l’aube                  où tout est provisoire                    démontable       

grossièrement ficelé                    articulé                    roulant sur roues                    déplacé

par une troupe de l’autre côté d’un barrage                    d’un fossé                    on sort des

ornières un camion                    on cherche un point d’accroche                    de chute

une forêt                    une piste indienne en particulier                    qui se détourne

lustrée par les pas des chasseurs                    un lac                    avec une bordure où l’on

puisse fredonner                    en trottant comme sur un cheval                    en récitant des

vers                    les plus démunis sont les plus légers                    les plus légers

les moins saisissables                    les plus dispersés                    _cette terre d’abord si étrange

si pleine de bruits                    zébrée de bois sauvages                    des restes d’un feu ils

ont fait leur destination                    dorment sur des tissus tendus capitonnés de feuil-

 

 
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Fabrizia Ramondino • Par un sentier clair 02


Nous sommes extrêmement ravis de publier plusieurs poésies (sur plusieurs semaines) de Fabrizia Ramondino extraites de son recueil de poésie Per un sentiero chiaro (Einaudi, 2004), traduits par Emanuela Schiano di Pepe.
Fabrizia Ramondino (Naples 1936 – Formia 2008). « Ces minuscules verres échoués sur la plage ressemblent à tant de vies humaines, qui sait d’où ils viennent »

 

Baroque napolitain

Au marché
on vend le poisson courbé
– il faut le garder plié
quelques heures
dans une boîte avec de la glace;
il semble vivant et se débat
en plein combat
invaincu.
Pas de tromperie sur la marchandise, l’apparence
compte aussi.
Je vous explique : la mort
du poisson a trois phases…
A la fin
on agit en artiste.

 


 

Bêtise

Je frappe aux portes du sommeil
avec mes outils marins.
Mais inquiets nous avançons
sur nos différentes routes.

Le cœur de la lumière
tiédit nos manteaux.
Mais je m’engourdit devant les vitrines.

Pourquoi je ne ris pas, nous ne rions pas ensemble,
de chaque infâme bêtise ?

 


 

A Elsa Morante

– Si tu pouvais, tu te transformerais en quelle plante ? –
(C’est un ancien jeu de salon).
Je disais toujours : – Olivier –
le cœur ravi.

– Et tu te transformerais si tu pouvais en quel animal ?
– En ânesse – je dis – qui porte du poids et péniblement se traîne
patiente le long du précipice ;
brait de joie ; de tous les animaux est le plus animal
dans l’amour.

En plus moi aussi
j’ai deux très longues oreilles en papier.

 
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HS est heureuse de voir une issue en livre de ces textes


 

Fabrizia Ramondino • Par un sentier clair 01


Nous sommes extrêmement ravis de publier plusieurs poésies (sur plusieurs semaines) de Fabrizia Ramondino extraites de son recueil de poésie Per un sentiero chiaro (Einaudi, 2004), traduits par Emanuela Schiano di Pepe.
Fabrizia Ramondino (Naples 1936 – Formia 2008). « Ces minuscules verres échoués sur la plage ressemblent à tant de vies humaines, qui sait d’où ils viennent »

 

Hiver

Comme du verre
à l’intérieur d’une maison
crisse sur les champs
l’hiver.
Gris se dessinent les vols
que le ciel emprisonne.
Respire loin un arbre de fumée.
D’une cheminée peut-être, mais d’une autre maison.
Chez toi tout feu se tait.

 


 

Abandon

Végétations
de quiétude
que fixe
entre les lianes de lumière
l’oiseau.

Ainsi
la femme hagarde
s’abandonne
et de rien
ne veut plus être maîtresse.

 


 

Peut-être

Je revins
des mois plus tard
voir le chèvrefeuille.

Peut-être
la vie avait été.

Seulement
je gardai un sentiment
de choses quelconques
et de faits.

Il était vert sur le mur
et dans son parfum
ressurgit le sentiment
des choses vraies.

 
à suivre
 

HS est heureuse de voir une issue en livre de ces textes


 

Angèle Casanova • Le lit

 

angele_casanova
Angèle Casanova est poète et auteur du web-livre Gadins et bouts de ficelles, initié en 2006. Elle publie régulièrement dans des revues de poésie depuis 2014.
 
 

[Photo © Philippe Martin, 2015]

 


le réveil émet son bruit neigeux
j’ouvre un œil
me soulève sur un coude
contourne le verre d’eau à moitié plein
et appuie sur le bouton latéral

il est 7h00

je soupire et m’écrase sur l’oreiller
je renifle son odeur
puis me cale sur le ventre
les mains en coupe sous les hanches

mes pieds dépassent au fond du lit
je les frotte l’un sur l’autre
longuement

je compte les minutes
mon corps les connaît
il ouvrira mes yeux à 7h37
et je me lèverai d’un seul bloc
pesant
maussade

 

mon lit
est un monde plat
à quatre coins
aux bords vertigineux tombant dans la poussière

il me donne l’impression que je pourrais
tel little nemo partir à l’aventure
m’envoler par la fenêtre avec pour seul bagage
ce continent mobile

et pourtant ce havre
tous les matins
je le quitte
et le regrette

 

mes yeux se ferment
je repose mon livre
et m’assois
sur le lit

je fais passer ma chemise
par-dessus tête
me tortille pour enlever ma culotte
sans exposer au froid
plus de peau
que nécessaire
et l’attrape du bout des doigts

je fais un tas sur la couette
avec ma culotte et ma chemise
et dépose la boule de coton froissé
sous mon oreiller

marquis de carabas
je plonge en mon lit
sans plus penser au lendemain
et au linge que je ne retrouverai pas
à mon réveil
fort heureusement

 

il apparaît un jour
sans prévenir

il n’y a rien
et puis
soudain
un petit bouton

je ne le vois pas tout de suite
je le sens
d’abord
du bout des doigts

d’énervement je le gratte
y plante un ongle jusqu’à ce qu’il
se détache
et puis
je l’oublie

très rapidement
il repousse

patiente
je le charcute
encore
et encore

alors je comprends
que ce n’est pas un bouton

autre chose pousse

je l’observe
qui grossit
prend de l’aise sur ma joue
devient noir et charnu

sensuel
il me donne l’air d’une marquise grand siècle
sauf que

un nouveau bouton
sur
l’autre
joue

je suis
un champ
de

champignons

 

un truc
saute
dans mes
cheveux
et je me demande
s’il existe ailleurs
que dans ma tête

peut-être est-ce
une puce avec une envie subite
de se dégourdir
les pattes

ce truc saute
ici
et là
et je m’agite
et je panique

suis-je sale
suis-je folle

non
c’est la laine de verre
du grenier en travaux
qui me pique

dans cet air impalpable qui la véhicule
je la respire

pourtant
cette laine
qui incruste de verre
mes poumons
et irrite ma peau
comme si
des insectes
fous
ruaient
sautaient
en permanence
elle finira bien par se dissiper
mais quand