Le hasard nous fait tirer cette galette improbable, dont l’association de la pochette et du son montre à la fois le sel et le paradoxe, qui est pourtant régulièrement citée comme l’un des fleurons du psychédélisme.
Cette musique livrée par UFO à des adolescents qui venaient de se reconnaître (et voulurent le rester à tout jamais), mais qui, une fois les brumes du Shambala se sont dissipées, le public et le mage des platines découvrirent avec stupeur que ces jeunes gens étaient des cow-boys qui écoutaient du blues graisseux issus du Mississippi.
Et en effet, à côté des compositions locales de Gary Duncan, l’un des deux guitaristes (avec Greg Cipollina très en forme), on retrouve une étonnante Mona de Bo Diddley, et une encore plus surprenante variation de Who do you love ? d’Ellas McDaniel, alias… Bo Diddley ! Variations reprise au compte du groupe sous les titres astucieux When you love, Where you love, How you love et Which you love…
On pourrait croire que cette longue suite, recouvrant la moitié du disque, sera tout à fait rébarbative, mais, si l’on s’autorise à se prêter au jeu du psychédélisme, il n’en est rien. C’est même assez intelligemment réussi, sans esbroufe, et parfois même avec, je n’irai pas jusqu’à dire de la sobriété, mais une forme de retenue, peut-être le poids de l’hommage à l’idole.
Les autres morceaux du groupe oscillent entre cette verve voyageuse et la balade typiquement américaine, confirmant, au besoin, que le psychédélisme s’ancre bien dans un
territoire imaginaire qui s’étend entre Big Sur et Fort Alamo, et, loin du rock progressif plutôt britannique, reste une musique de colon alternatif…
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Cette chronique vaut pour le volume deux de cette série (qui jusqu’ici est le dernier), mais également pour le premier, éventuellement à peine moins bon. Le maître platiniste Carl Cox ne mixe pas seulement des samples habilement choisis, il propose littéralement des variations de grands classiques house et techno de, entre autres, Death in Vegas, Underworld, Orbiters, etc.
Aussi ingénieux qu’intelligent, Carl Cox, avec bonhommie, distille cette musique de manière relativement imparable. Avec un je-ne-sais-quoi de parfum des années quatre-vingt-dix et leurs soirées acides…
J’avoue, au risque de me faire de nombreux ennemis, que l’œuvre de Bruce Springsteen ne m’a jamais renversé. Si j’ai une certaine sympathie pour Born to run (#938, 1975), notamment pour sa production (plus que son interprétation), je trouve les chansons longues et ennuyantes. The river (#1280, 1980) est vraiment trop… homogène. Et je n’ose parler de Born in the USA (1984).
J’aime bien Darkness at the edge of town (#1168, 1978), mais sans excès ; en revanche Nebraska est l’un des meilleurs effort du héros suant et rauque, sans sourciller. Probablement pour son décoffrage rustre : comme des maquettes enregistrées sur un simple quatre-pistes avec sa voix, l’une ou l’autre guitare, un harmonica. Portraits obscurs d’obscurs criminels, la cohérence est ici magnifique. Hanté et halluciné, touchant presque à un genre de nu-punk, évoquant même des voies futures comme jamais. C’est même une sacrée gageure, si l’on y pense, pour un boîte comme CBS ou un artiste de la trempe de Springsteen que d’oser publier ces pièces, parfois inabouties, parfois anastomosées, mais dont l’interprétation est remarquable. Pour moi le meilleur Springsteen, et de loin. Et qui mènera bizarrement à Born in the USA…
On a déjà chroniqué ici un disque de Simon, et il est le troisième artiste, après Féla et les Stones, à qui ça arrive. Si le précédent (et aussi le premier, ou pratiquement) album éponyme (#530, 1972) était très bon et prometteur, celui-ci s’aventure vers des territoires plus jazz, mais jamais en se la racontant. Le côté romantique qui pourrait peser est toujours contrebalancé sinon par l’humour ou l’ironie, parfois par une tonalité qui se brise (ou se faufile) en mineur… conséquences des désillusions de la vie, de ruptures amoureuses.
Le chant est parfait, c’en est presque agaçant ; mais comme les morceaux sont fabuleux, on pardonne au monsieur.
Mais quelles mélodies ! Certainement il faudrait divorcer plus souvent pour reproduire l’inénarrable et pur joyaux qu’est 50 ways to leave your lover, qui est d’ailleurs le plus gros tube de Simon, paraît-il. C’est aussi LE morceau de batterie de Steve Gadd, particulièrement inspiré dans l’album.
Certains tics défigurent le visage et quand ils se déclenchent, il est difficile de les faire cesser. La bouche se tord, les yeux clignotent, le front se plisse, les joues se creusent, parfois même les oreilles ont l’air de bouger. Autant dire que cette mécanique infernale impose ses propres automatismes sans que l’être humain – et sans doute l’animal aussi – soit en mesure de rétablir l’équilibre de ses expressions. Le tic obéit à sa finalité comme à une règle de vie, il met en branle la répétition d’une ponctuation du corps. Le point- virgule, le point d’interrogation, les deux points, les points de suspension, d’exclamation finissent grâce à la durée de manifestation du tic par avoir le même sens. Mais il est vrai, par exemple, qu’un point d’interrogation peut immédiatement poursuivre son effet par trois points de suspension, même sans qu’il n’y ait le moindre recours au tic. Le désordre du sens que crée cette ponctuation est déconcertant : les yeux qui clignotent indiquent-ils un doute ou une certitude ?
Par extension, le tic, quand il n’est pas énoncé comme tel, désigne parfois une habitude, voire même un rituel. Si quelqu’un répète le même geste, à la même heure au même endroit, on dira aisément de lui « qu’il a ses habitudes ». On sera étonné, si le connaissant, on ne le voit pas réitérer pareille concaténation de ses gestes. Selon les conventions de la politesse, reconnaître les habitudes de l’autre, discrètement bien sûr, c’est lui faire honneur. Si le tic peut paraître navrant, l’habitude garde, pour ainsi dire, la tête haute.
Et du rituel, qu’en est-il dans une société qui n’est pas considérée comme « primitive » ? Comment octroyer une puissance magique à ce qui pourrait bien n’être qu’un tic ? Depuis l’enfance, quand je suis satisfait d’une situation ou d’une idée, mes mains se rapprochent de mes fesses et mes doigts s’agitent à tel point que j’ai souvent entendu dire : « il bat des ailes ». En somme, mes ailes auraient poussé sur mes fesses dès ma naissance. Je remarque de plus que je dérobe au regard de l’autre la manifestation de ma satisfaction comme si je la gardais « derrière mon dos ». Il y a pourtant des moments, je l’avoue, où mes mains s’agitent sur le côté sans chercher à se cacher. Ce qui m’intrigue aujourd’hui, c’est la primitivité d’un tel signe, celle d’un personnage hybride, entre l’homme et l’animal. J’ai cherché à découvrir une société (voire même une culture) dans laquelle ce rituel aurait pu exister, je ne l’ai pas trouvée. Un jour, j’avais huit ans, j’ai pincé la fesse gauche d’une dame qui était en train de faire la vaisselle, je chantais à tue-tête la chanson de Bourvil « je lui fais pouet-pouet elle me fait pouet-pouet et puis ça y est ». J’ai été obligé d’accepter l’idée que l’usage du rituel des adultes n’était pas le même que celui des enfants.
Comme en étant de plus en plus vieux, je bats encore des ailes, je me dis que j’ai toujours eu le même tic. Et pourtant, ne puis-je pas m’autoriser à croire qu’entre le moment où je pense et celui où je bats des ailes, il y a un lien indissoluble qui restera toujours énigmatique ? Et le tic n’est-il pas alors un rituel qui « aurait perdu les pédales » ?
Parmi les meilleurs efforts de Cooder, en mettant de côté Paris, Texas, qui est un chef d’œuvre et une bande originale, mieux même que Paradise & lunch (#721, 1974) que j’aime beaucoup, Into the purple valley partage le même goût kitch que ce dernier pour la pochette (évoquant le Dust Bowl), mais alors aussi et surtout le goût inverse pour les interventions du maître du slide.
Certes, il mène son exploration du patrimoine chansonnier américain (ici Leadbeally, Cash, Guthrie, voir ci-dessous, côtoient de plus obscurs Jesse Stone, Fitz Maclean et plusieurs traditionnels) qui frisent le hillbilly et la country, mais en vérité toute une variété de style, du blues au soft rock à l’américaine.
Ry Cooder est une encyclopédie ambulante, ce qu’il démontrera avec son imposante curation du blues à l’occasion du film de Martin Scorsese sur le genre. Il joue en plus de nombreux instruments. Et dire qu’il a failli intégrer les Stones.
Nouvelle collaboration entre Carla Bley et le poète Paul Haines, après Escalator over the hill (#421, 1971), ce disque transcris les atmosphères d’un voyage réalisé par Haines en Asie du sud-est. La puissance de Gato Barbieri dès le morceau d’ouverture (crédité comme Unidentified Cat) donne le ton. Mais c’est la voix de Julie Tippets (alias Julie Driscoll, plus connu pour ses chanson pop dans les années 60, avec Brian Auger et les Trinity — Wheels of fire, Season of the witch…) qui porte en avant les compositions toujours inspirées de Bley et les textes parfois étranges de Haines. La section rythmique de Paul Motian et Dave Holland, soutient l’ensemble avec vigueur et annonce de futures collaborations ou carrières.
Sur les morceaux plus légers (comme Funnybird ou Nothing qui clôt en beauté l’opus), dans l’esprit du précédent album, plane toujours quelque menace musicale, une gravité impressionnante qui détonne avec l’ambiance parfois à la comédie italienne ; d’autres sortent littéralement de l’ordinaire : In India pourrait faire rougir Björk, le début d’Enormous Tots Zappa mais la suite Morricone, ou l’Art Ensemble, vraiment étonnant, tout comme Indonesian dock sucking supreme, Caucasian bird riffles, Song of the jungle stream étant quasiment parfaites.
Et le hasard veut que ce soit le premier album de Prince traité ici (comme la semaine dernière), et, coup de bol, je pense que c’est son plus cohérent, son plus abouti.
Là encore, pas nécessaire de s’appesantir outre mesure, tant tout a été dit et redit sur le personnage comme sur le disque. Bande originale d’un film tout à fait passable (mais qui mérite un visionnage pour ne pas mourir con), il recentre les efforts du prince et de ses Révolutions sur la musique rythmique, après une escapade en terrain psychédélique, plus ou moins compris par la réception (Around the world in a day, 1985, #506). Étant une BO, la liberté est un peu contrainte et c’est peut-être ce qui donne son unité de ton à l’ensemble, chose qui, semble-t-il après des milliers d’heures d’écoute, semble être la grande difficulté de Prince devant le format disque (en concert c’est tout à fait autre chose). Assemblage bluffant qui ne rechigne en rien à défendre ces territoires (sonores) chèrement acquis, le disque peut sembler au premier abord touffu, voire confus (l’ouverture est psychédélique en effet), mais devient vite une marque de fabrique, ou, dit poliment, un style.
À cette époque, et le délire du cinéma en est la preuve, Prince règne sans jeu de mot sur la pop, il a sonné ses deux principaux concurrents Michael Jackson et Madonna, et démontre, s’il était besoin, que derrière l’entrepreneur et l’entreteneur, il y a un musicien, et donc un cœur qui bat (ou en tout cas du sang qui bat quelque part). Il n’avait certes pas besoin de faire état de ses talents d’instrumentiste, l’ayant déjà fait dans les sept albums précédents, et il le refera dans le suivant, son unanime chef d’œuvre, Sign o’ the times (1987, #772, comme on voit, je ne suis pas unanime avec les autres) : “I know how to undress me”, feule-t-il dans Kiss.
Mais c’est dans Parade, je crois, qu’on est en mesure de saisir l’épaisseur artistique, et sans doute le témoignage le plus direct de son propos, pour qui serait en quête de cohérence. Ainsi loue-t-on, selon, l’audace (New position, géniale, étonnante Life can be so nice, rafraîchissants Mountains de/avec Wendy & Lisa), la confiance, incarnée par I wonder U, new-wave pop étrange faisant écho à l’atmosphère de Dirty mind (1980, #312), plusieurs notables excursions vers le jazz ou du moins une musique un peu moins pop, comme Parade, sur une partition de son père musicien de jazz, John Nelson, évidemment Do u lie? et Venus de Milo ; à quoi on ajoute deux imparables balades, Under the cherry moon (également cosignée avec son père) et Sometimes it snows in april, que demande le petit peuple ? Eh bien il en a encore sous le coude, le purple schtroumpf, avec l’authentique chef-d’œuvre de chanson qui est Anotherloverholenyyohead, l’une des toutes meilleurs de son répertoire ! puis encore l’indéniable et indémodable Girls and boys ! et encore ! ce n’est pas fini, puisqu’il faut encore finalement citer l’inoxydable Kiss, devenue classique des classiques du genre.
On a rarement retenu autant de morceaux de choix dans une même galette, ce qui rend ce disque aussi attachant que nécessaire, et permet une écoute inaltérable. Après Sign o’ the times, Prince se maintiendra à flot (et comment !), jusqu’à Diamonds and pearls (1991, #995) et Love symbol album (1992, #1196), et alors tout prendra une autre mesure (conflit avec Warner, abandon du nom, témoins de Jéhovah, maladie…) mais c’est une autre histoire, et ce n’est plus celle des folles nuits parisiennes des années 80.
Premier album de Pink Floyd chroniqué ici. Comme on le sait peut-être, j’ai une certaine passion pour ce groupe ; ce disque est leur premier. Le groupe, alors constitué de Syd Barrett (principal auteur-compositeur, guitare, chant), qui le quittera en 68-69, Roger Waters (qui le quittera en 83-84, basse, chant), Nick Mason (qui apparaît sur tous les albums jusqu’à la fin) et Richard Wright (qui n’est pas sur Final cut), est repéré par la scène psychédélique londonienne tout en réfutant son appartenance à un quelconque mouvement hippie. Le groupe a en effet une ambition (et un destin) qui dépasse et de loin le Swinging London.
C’est un album étrange, puisque Barrett est très versé sur une pop de chansons brèves présentant différents marginaux, tandis qu’en collectif, on imagine déjà des architectures sonores plus sophistiquées et moins immédiates.
Pas besoin de s’appesantir sur ce disque, par ailleurs très bien produit ; on regrette l’absence des simples de cette époque (See Emily Play ou Arnold Layne) mais on a des compositions très fantaisy (The Gnome), voire mystiques (Chapter 24), des balades anglaises mélancoliques (Mathilda mother), et bien entendu des innovations et excursions sonores planantes et cosmiques (Astronomy Dominé et Interstellar overdrive), ou plus brutalistes (Pow R Toc H), avec des coups de génie (Lucifer Sam, Chapter 24, Mathilda donc).
On voit déjà les fragilités de Barrett et les Waters qui dorment (timide mais résolu Take up thy sthetoscope and walk), et on imagine toute la difficulté de passer à un second opus, après un tel déferlement de violence musicale belle. Ce sera A saucerful of secrets, moins abouti, plus transitoires, avant la rampe de la gloire qui de More mènera à Dark side ou The wall, mais c’est une aure histoire. Barrett sera remplacé finalement par David Gilmour (qui n’est pas présent ici, contrairement à ce que veut faire croire une couverture d’une réédition), Waters prendra la maîtrise du texte et de la composition… Nick Mason, dans les années 2020, avec son groupe Saucerful Of Secrets, justement, reprendra le répertoire pré-Dark side, et reprendra, d’ici, Overdrive, Dominé, Lucifer Sam et Bike, pour la plus grande joie des fanatiques vieillissants…
Elle se souvient avoir joué à « qui va à la chasse perd sa place ». Mais elle avait la certitude désormais qu’elle n’avait jamais eu de place malgré ses intentions répétées d’en avoir une. C’était plus aisé pour les objets, ils avaient la place qui leur était attribuée. Si ce n’était pas toujours la même au fil du temps, ils en obtenaient une nouvelle avant d’être jetés à la poubelle. Leur disparition mettait alors un terme à la question de leur place. Elle avait eu souvent l’impression qu’on tentait de la déplacer comme un bibelot posé sur une cheminée, qu’on installe sur un buffet, puis qu’on finit par ranger dans un placard. Chez des amis ou des voisins, elle remarquait ce qui avait été la trajectoire d’un objet, tel l’indice d’un changement de décor en constatant que la durée du même objet semblait dépendre de sa permutation dans l’espace.
Elle se disait que si c’est l’autre qui décide de la place qui peut lui être attribuée de la même façon que celle d’un objet, elle se condamnait à une perpétuelle posture de soumission. Elle se dépossédait de la vie elle-même comme si elle remettait son destin entre les mains des autres. « Tu n’as pas trouver ta place » est une expression qu’elle exècre parce qu’elle signifie bien une négation de l’existence, le retrait de l’inaccomplissement irréversible de la vie. Et pourtant, elle l’aura vécu, cet inachèvement, avec la joie de préserver une indétermination existentielle qui fonde le désir de vivre.
La place est un piège : on a toujours l’air de remplacer quelqu’un, celui ou celle qui n’est plus là. Que ce soit à l’école, au travail, en amour, en religion, en politique… la place qui remplace est celle de substitut. Quand un homme dit à une femme : « tu es ma mère ! », il ne va pas lui signaler qu’elle est le « substitut de sa mère » comme s’il parlait à un « substitut du procureur ». Si la place n’est que le fruit d’une substitution, elle n’est qu’un leurre accepté ou même voulu.
Elle avait décidé un beau matin de ne plus chercher sa place et de vivre dans l’inachevé, en considérant que ce qui ne s’accomplit pas jusqu’au bout n’est pas obligatoirement un échec. C’était un choix arbitraire, fait d’une manière inopinée, mais elle prenait plaisir à penser que c’était là une perspective de vie qui la sortirait d’une culpabilité inutile, et sans raison. Il fallait, se disait-elle, que ses engagements se prennent eux-mêmes en charge pour aboutir à leur fin ou pour finir par refuser de le faire.
C’était étrange de chercher à construire une telle perspective de vie au moment où celle-ci se donnait l’air de poursuivre le chemin qu’elle s’était tracée. Elle avait bien du mal à croire qu’elle puisse se décider à être une autre alors qu’elle était sûre d’être déjà une autre depuis toujours. Ou alors, pensait-elle, faut-il que je me voie comme une autre au moment même où j’ai la certitude de l’être ? La place dans la vie n’est qu’une chaise gigogne, se dit-elle en souriant.
Comme la cigale qui avait chanté tout l’été, elle partit un beau matin sans se retourner pour dire au revoir. Chemin faisant, elle rencontra un vieillard légèrement voûté qui avait pourtant du mal à marcher. Il portait sur son dos les colis du passé. Elle le salua, il s’arrêta, il lui dit qu’il avait quelque chose pour elle, un bout de son passé. Celui-ci était enveloppé comme un paquet envoyé par la poste. Tous les deux ils s’assirent sur un tronc d’arbre, elle déplia le papier d’emballage. Le paquet n’était pas vraiment vide, il n’y avait que du papier froissé. Le vieillard lui dit : « je suis bien plus vieux que vous, j’ai reçu plus de papiers que vous ! » Elle l’embrassa sur le front et lui répondit avec tendresse : « je vous aiderai à les ranger ».