Archives de catégorie : Disque sur disque

864. Cornelius, Point 2002 | BV



Tout un pan de cette musique oscillant entre pop, rock et électro m’a échappé, je l’avoue, dans les années 2000, mais j’avais d’autres chats à fouetter. Cornelius est sympathique et il est habile. Artisan sonore, il est un producteur impeccable. Les moments les plus foufous sont les plus intéressants certainement, Fly, Point of view Point et Another view Point. Ensuite il y a des faiblesses, dues à cette espèce d’excès d’aménité qui peut parfois peser sur l’écoute (la reprise de Brazil en est emblématique).

 

 

56. Dr John, In the right place, 1970 | BV

 



 

Premier album acheté d’occase à G, pas du tout déçu, il serait parfait si l’autre, Gris-Gris, n’était pas plus parfait. Découvert Dr John dans le fameux documentaire de Philippe Manœuvre sur le blues et le Crossroad. Le Médecin de l’Âme tire la couverture à lui, à un certain moment, et délivre une magistrale leçon de blues (docu introuvable par ailleurs parfait pour débuter, un disque avait même été produit, avec Keith Richards — par ailleurs exquis dans la vidéo — interprétant Key to the highway). Ici au sommet de son art entraîneur, l’album, porté par Such a night et Right place, right time contient également d’incomparables (et inquiétantes) pièces comme Same old same old, Qualified, où l’envoûtant (et parfait) I been hoodood.

 

 

1038. Elastica, Elastica, 1995 | BV



 

Un souvenir des années 90, un morceau imbattable (2:1). Et de bonnes chansons (Vaseline) mais qu’après coup on peine à ne pas avoir déjà entendues quelque part. Un des nombreux albums propres, bien interprétés, justement balancés entre punk et ‘concerné’, des années 90, mais qui marque le pas à acquérir son indépendance.

 

 

367. The Clash, London calling, 1976 | BV

 


 

Je connaissais la pochette par les livres. Je l’ai vue pour la première fois en vrai et en vinyle dans le car scolaire de mon bled pour Montélimar, sous le bras de A, qui venait d’un bled encore plus reculé et montagnard. J’avais follement aimé A à l’école maternelle puis surtout primaire, dès l’instant où elle a débarqué dans le village, je me rappelle bien. Ce jour de lycée, elle ramenait le disque à la médiathèque. On ne se parlait pas beaucoup. On ne s’est jamais beaucoup parlé. On s’est parlé autour du disque. Voilà : comment ne pas associer ce disque à A ?

Il y a quelque chose qui m’attirait très fort, et quelque chose de mystérieux qui m’inquiète encore. Il y a des morceaux parfaits : Brixton (l’une des meilleures chansons de l’Histoire), London, mais force est de constater qu’on n’est pas dans le punk hardcore… il y a des morceaux super mais aussi des morceaux moins intéressants, il faut le dire. C’est la variété qui frappe, ici, des genres, des thèmes, une espèce de bissectrice inédite entre Springsteen et Costello, secondée par une très nette maturité, parfois même un peu troublante, jusqu’au design, donc, de la pochette…

 

 

675. Ten Years After, Crickelwood Green, 1970 | BV

 

C’était le bon temps, et on produisait des disques à tire-larigot. On le décrit comme le meilleur du groupe (j’ai une préférence pour Stonehenge) et on voit bien ici la recherche en acte d’un groupe de power blues à frisottis psychédéliques, qui doit non seulement se détacher des concurrents (Creedence donc, Jimi Hendrix Experience, voire les Doors) et y parvient, avec des originalités que ne dédaignerait pas un Prince (50000 Miles…). Sans ces excursions hardies (Circles) ou plus strictement rigoureuses (Love Like A Man), cela resterait un album aimable de blues américain, un disque des Doors. As The Sun… démontre cette ambivalence, arnaquée par les machines d’Andy Johns.

 

 

131. Creedence Clearwater Revival, Creedence Clearwater Revival, 1967 | BV

 

 

Il faudrait réécouter tout Creedence pour comprendre ce qu’il s’est passé avec ce groupe. Les chansons comme les textes sont on ne peut plus simples, c’est peut être la sincérité ou l’engagement de Forgerty qui fonctionne mieux qu’ailleurs… Ou alors c’est la voix, épaisse et rauque, parfaite pour l’exercice. Sans doute un peu des deux : une voix qui sait rendre subtil des basiques — comme d’ailleurs les soli de guitare, de même acabit. Cet album est meilleur, même s’il est sans doute un peu moins connu que les autres, et marque le début d’une production de hits incomparable dans la période — même si ici on a deux reprises, et lesquelles ! I put a spell on you et Susie Q. Mais tout est là : la caresse vaguement progressive sur un blues blanc et boueux, qui ne déroge pas à un certain mystère propre au bayou, notamment dans l’extraordinaire Walk on the water.