Luc Garraud qu’on a déjà accueilli par le passé dans Hors-Sol propose aujourd’hui une longue série de textes brefs, qu’il appelle Herborisations, et dont voici, dans cette suite, neuf extraits.
Il fait trop chaud dans ma montagne, le vent très doux entre par la fenêtre par bouffées, la maison est ouverte, des bourrons de papier sur la table roulent jusqu’au sol. Au bord de la forêt, les criquets accompagnent l’arrosage du jardin qui a soif, tout stridule. Mais ce n’est pas ça, qui calme le temps. Mon paisible transat de plage éventré, dans lequel je suis allongé depuis trois jours à ne rien faire, un peu le nez dehors, à regarder le sycomore lâcher ses tiques sur mes bras. Je compte les mouches de montagne, les taons qui cognent a la vitre, une fois dedans, piégés, j’entrouvre pour qu’ils retrouvent un chemin vers la forêt, rien y fait, c’est con, un taon, je les aide avec la main pour les guider dehors, ils reviennent, butés, curieux. Il fait trop doux, pour ma montagne froide, canicule de la nuit, dès l’aube à six heures dans les arbres, un tilleul fané, un sorbier au-dessus du rucher, à l’ombre, ma journée recommence par la nuit.