Oui, évidemment, on a là deux monstres du jazz plus ou moins libre, et on pourrait penser que l’association soit détonante. Les sessions remontent à 1960, mais l’album ne paraît qu’en 1966, entre-temps les deux ont largement pu explorer des territoires plus aventureux. Et en effet, on reste un peu stupéfait par les pistes (trois morceaux d’Ornette Coleman, un cosigné par Monk, et un seul de Cherry), et leurs interprètes (à nouveau Charlie Haden et Ed Blackwell, venus également de chez Coleman, enfin sur les deux morceaux plus flamboyants, Cherryco et The Blessing, Haden est remplacé par Pearcy Heath du Modern Jazz Quartet sur les trois autres), qui sont extrêmement bien ficelées et garnies, mais qui restent un peu toutes sur leur quant-à-soi… ce qui n’est pas désagréable, sans être exubérant, et pour tout dire, un peu contradictoire avec le titre. Blackwell propose de belles innervations rythmiques tout au long du disque.