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Anne Kawala † C’est flou

sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente
c’est flou
on ne se voit pas vraiment, on s’entend, à distance, on se touche
on se touche sans vraiment se connaître, jamais vraiment on se connaît, ni plus ni moins qu’avec quelqu’un
qu’on, profus, confus, on s’enfonce l’un dans l’autre sans jamais savoir quand on va ressortir, ce qui déjà
est sorti, ce qui va ressortir, ce qui va, hors de l’eau, du bouillon, des cuisses, la tête replonge, ce qui sextrait
on se foutre c’est bon, c’est ouais, c’est vas-y je te prends, c’est
c’est super chaud, tu me prends, tu me donnes, je te donne, fascinHAN!HANte !
on décharge, on recharge, on vise, on projectile fantautomatiquement dans le lointain, on charge, on tire, on se tire
on keep-in-touch, on s’éloigne
son nom s’efface
on ne se doit rien
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
on se retrouve, on recommence, on se touche, on-éteint-ça-allume-ça-s’-insteint-on-rallume, on imagine tout,
on-tout ce qu’on veut, tout de l’autre qu’on veut, ça marche, ça roule, roulent, moussent, tous les verts, toutes
les pierres, ça détend, ça se détend, ça s’étire, ça chattise, ça miaule, ça couine, ça coince, ç’amassmasse, ça repart
maoussnécrophage comme marchmoussent les souvenirs, les souvenirs, on le sait même si on fait comme si pas
on keep-in-touch, on s’éloigne
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente, passé, déjà passée par là, repasseront par ici nos souvenirs pour en faire en un truc qui monte,
qui fait jouir, huile+œufs, liquide qui fait dur, compact-crémeux, saumon-mayonnaise qui nage à contrecourant,
coup de queue, contraction dorsale, pour HOP !, hors de l’eau, du bouillon, des cuisses, bondir
au dessus du rapide
ça prend le temps, ça se cache dans les trous d’eau, ses filets contre un filet glissent, ne se laisse attraper dans
la nasse, par l’hameçon, le leurre, net ne confond les racines du rêt et de la réification, c’est un nénuphar
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente
c’est flou
on ne se voit pas vraiment, on s’entend, à distance, on se touche
après avoir baisé, fumant un clope chacun, allongés sur des draps blancs, dans de l’herbe verte, sur des
Paul-Charnoz, dans le brun du sang, il m’interroge sur mon économie, le recyclage, la production de biens,
leurs versus, leurs versants, leurs penchants, ça crise dans le paradigme, je rétorque :
Chasseu,r,se,s-cueilleu,se,r,s tes ancêtres, Instin ?
Prince,ss,e,s des plans B tes descendants ?

Baiser par connexions
interposées préserve efficacement ― bien que

dit-il en crachant sa fumée

des grossesse nerveuses puissent avoir lieu

crache-t-il
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente, je ne sais plus si je suis ventriloque ou si c’est lui qui l’est, si on l’est en même temps
qui parle par l’estomac de l’autre autour d’un corps
c’est flou pretty puppets
d’autres sont allongé,e,s sur des draps blancs, dans de l’herbe verte, sur des Paul-Charnoz, dans le brun
du sang
on se réunit

vers un cimetière j’ai marché sans savoir qu’il était peut-être
l’un de celles, de ceux vers qui, une bougie allumée en plein jour
vers, sans destination mais avec en tête une direction, petit chemin
de campagne, pas de monuments aux morts, quels morts sur cette
route ?, les annales ne le disent toujours pas, mais en mains une
bougie en plein jour allumée

s’il s’agit de son précepteur
alors son précepteur m’a été mis entre les mains par l’un de mes
précepteurs, mais entre mes mains jamais de fleurs pour sa tombe,
même pas des paquets de foliages bien verts, de tous les verts, ni de
pierres

« sans doute
signifie
peut-être »

« et de doute pourtant
il ne devrait y en avoir aucun »
dans cette ambigüité, dans ce qui dit autre chose qu’il dit, dans ce
qui flippe-flappe, se retourne, contraction dorsale pour sauter le pas,
le seuilHANte, dans le doute de sa propre absence il est vivant, très
vivant

je le vois passer, être, sticker, ramer
pour un peu partout dans le monde aller, envoyer, comme ça, léger,
des clichés à toutes et tous, sans spécificité, pas de jalousie attisée,
l’instin on peut le partager, se le partager, baiser avec lui, faire une
ratatouille, comme plusieurs fenêtres de dialogues ouvertes : chacun
des légumes cuits séparément sinon

il faut
mélanger les pinceaux, les couleurs, les impressions, les petites
touches, tous les verts, on les mange, les incorpore, blancs battus en
neige, doucement ruban, noué, cadeau

il neige aux confins
aux autres c’est le désert et une armée, faut pas se laisser abattre,
et même, un doigt, juste un doigt, de scotch, de rhum, de gin, du
génépi, d’Alka-Seltzer, d’eau, encore vivant, et dans l’engrenage
remis, on se relève et trompette, le corps se reforme, grouille

on parle et pas                                                           on prend le temps
on fabrique des totems, des bâtons de sorcièr,e,s
on part à la chasse au dahu, au wölpertinger
on s’insémine tout le monde
là est invité à
dans le filet mettre d’autres provisions que celles exactement prélevées sur soi : on va pas se couper un bras,
on va plutôt en faire pousser un quinzième, on va faire preuve d’imagination, une pierre moussue peut être
un ortolan, un ortolan peut être une boîte de conserve, une boîte de conserve peut retrouver ses couleurs,
une machine-à-laver peut être remplie de baies, tout ce qui a été récolté se déproie en un bon petit plat,
fumant et baroque, sans additifs, sans conservateurs, il y a beaucoup d’appétits
ça se dissémine dans les chatteries d’un vitrail cassé, de graviers
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente
c’est flou