Jian • Contrespaces (de la rémanence) (4) • fr. 16-20

Hors-Sol attaque la publication d’un texte reçu il y a quelques mois (via réseaux sociaux). L’auteur explore ici les moyens d’une révolution, qu’elle soit politique, écologique, littéraire, philosophique. Dense et ardu, ce texte expérimental est parfaitement stimulant.

A noter la participation de Frédéric Dupré qui vient « accompagner ces propositions de ses puissants dessins ». On le retrouve sur son blog Le Griffonneur.

1234567

380859_233549080046721_1025413919_n

16)

Nous vivons sous le joug de schèmes mythologiques. Et l’absence de mythe se révèle le mythe suprême : la pseudo-immanence de la Marchandise et ses conditions de possibilités, la divinisation/humanisation de la nature ou/et la naturalisation/divinisation de la nature, le Gouvernement des sujets égaux en droit etc. (Que de dispositifs nécessaires pour faire couler la Police dans une résine d’Equivalence!)


17)

Assumer la « fin des grands récits » (et détruire encore ceux qui nous gouvernent), mais ne pas abandonner cette « petite musique », où ces mots et ces actes subtils qui s’impriment dans les corps, dans les couches esthésiques de la mémoire et de l’imagination, loin des grandes « visions du monde » : parasites, bruits de fonds, fureur discrète, désirs de vie, rythmes (« le rythme d’une forme est l’articulation de son temps impliqué », Maldiney)…


18)

Si césure dans le temps il y avait, cette dernière ouvrirait un hiatus par rapport auquel se dessineront l’antagonique des comportements hétérogènes, qui ne peuvent composer. Amplification vitale, des gestes apparaissent. Moyens sans fins, porteurs d’outre-là. Des formes-de-vies qui éclairent à nouveaux frais d’innombrables gestes passés.


19)

Nous ne dirons pas qu’il n’y pas de faits hors discours, mais bien que les discours doivent élargir leur champ de perception : histoire longue des « épistemè » (Foucault), des « esthésies » (Rancière), des « visions du monde » (Heidegger), des « manières de faire des mondes » (Th.Marin). Ce ne sera pas là un Grand Récit mais le passage du lier et délier au bord du mythe, ses ressources au bord du gouffre : suspension, interruption, la communauté de ceux qui n’ont pas de communauté, la seconde nature du « grand parler ».

Une para-bole de mille-et-un petits récits qui n’abrite rien sans avoir jeté dehors, lancé au loin comme l’arche d’où le monde recommence, non plus comme une terre promise ou un paradis perdu, qui sont des lieux-de-fixité incompatibles avec le déluge qui nous embarque, mais comme de nécessaires réarticulations entre êtrumains, animaux, plantes, air et terre comme milieu, micro-organismes, hybrides et artéfacts…


20)

Les existences monstrueusement en commun deviennent ainsi des modulations perpétuelles, des événements : des modes d’existences outrepassant la logique classique, aristotélicienne. Des manières à chaque fois singulières de faire des mondes, dont le problème touchant à la compossibilité avec le milieu ne peut plus être dogmatiquement posé, ou nié de manière systématique.

Deux faces de la même pièce ontologique morbide qui atrophie le plurivers et empêche d’un même mouvement l’émergence d’une mésologie attentive aux correspondances éco-techno-symboliques d’un milieu, toujours ce milieu. Il Y va de l’hétérotopographie à inventer, radicalement, qui tracerait un plan métastable de compossibilité à la fois écologiquement soutenable et de modes d’existences à l’excentricité inouïes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *