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Archives de catégorie : #05 | Instin & Moi
Philippe Aigrain † « D’abord, et si tard, une rumeur… »
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Mathieu Brosseau † Ne
Ne soyez pas trop, ça rend zinzin.
Anne Kawala † C’est flou
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente
c’est flou
on ne se voit pas vraiment, on s’entend, à distance, on se touche
on se touche sans vraiment se connaître, jamais vraiment on se connaît, ni plus ni moins qu’avec quelqu’un
qu’on, profus, confus, on s’enfonce l’un dans l’autre sans jamais savoir quand on va ressortir, ce qui déjà
est sorti, ce qui va ressortir, ce qui va, hors de l’eau, du bouillon, des cuisses, la tête replonge, ce qui sextrait
on se foutre c’est bon, c’est ouais, c’est vas-y je te prends, c’est
c’est super chaud, tu me prends, tu me donnes, je te donne, fascinHAN!HANte !
on décharge, on recharge, on vise, on projectile fantautomatiquement dans le lointain, on charge, on tire, on se tire
on keep-in-touch, on s’éloigne
son nom s’efface
on ne se doit rien
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
on se retrouve, on recommence, on se touche, on-éteint-ça-allume-ça-s’-insteint-on-rallume, on imagine tout,
on-tout ce qu’on veut, tout de l’autre qu’on veut, ça marche, ça roule, roulent, moussent, tous les verts, toutes
les pierres, ça détend, ça se détend, ça s’étire, ça chattise, ça miaule, ça couine, ça coince, ç’amassmasse, ça repart
maoussnécrophage comme marchmoussent les souvenirs, les souvenirs, on le sait même si on fait comme si pas
on keep-in-touch, on s’éloigne
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente, passé, déjà passée par là, repasseront par ici nos souvenirs pour en faire en un truc qui monte,
qui fait jouir, huile+œufs, liquide qui fait dur, compact-crémeux, saumon-mayonnaise qui nage à contrecourant,
coup de queue, contraction dorsale, pour HOP !, hors de l’eau, du bouillon, des cuisses, bondir
au dessus du rapide
ça prend le temps, ça se cache dans les trous d’eau, ses filets contre un filet glissent, ne se laisse attraper dans
la nasse, par l’hameçon, le leurre, net ne confond les racines du rêt et de la réification, c’est un nénuphar
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente
c’est flou
on ne se voit pas vraiment, on s’entend, à distance, on se touche
après avoir baisé, fumant un clope chacun, allongés sur des draps blancs, dans de l’herbe verte, sur des
Paul-Charnoz, dans le brun du sang, il m’interroge sur mon économie, le recyclage, la production de biens,
leurs versus, leurs versants, leurs penchants, ça crise dans le paradigme, je rétorque :
Chasseu,r,se,s-cueilleu,se,r,s tes ancêtres, Instin ?
Prince,ss,e,s des plans B tes descendants ?
Baiser par connexions
interposées préserve efficacement ― bien que
dit-il en crachant sa fumée
des grossesse nerveuses puissent avoir lieu
crache-t-il
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente, je ne sais plus si je suis ventriloque ou si c’est lui qui l’est, si on l’est en même temps
qui parle par l’estomac de l’autre autour d’un corps
c’est flou pretty puppets
d’autres sont allongé,e,s sur des draps blancs, dans de l’herbe verte, sur des Paul-Charnoz, dans le brun
du sang
on se réunit
vers un cimetière j’ai marché sans savoir qu’il était peut-être
l’un de celles, de ceux vers qui, une bougie allumée en plein jour
vers, sans destination mais avec en tête une direction, petit chemin
de campagne, pas de monuments aux morts, quels morts sur cette
route ?, les annales ne le disent toujours pas, mais en mains une
bougie en plein jour allumées’il s’agit de son précepteur
alors son précepteur m’a été mis entre les mains par l’un de mes
précepteurs, mais entre mes mains jamais de fleurs pour sa tombe,
même pas des paquets de foliages bien verts, de tous les verts, ni de
pierres« sans doute
signifie
peut-être »« et de doute pourtant
il ne devrait y en avoir aucun »
dans cette ambigüité, dans ce qui dit autre chose qu’il dit, dans ce
qui flippe-flappe, se retourne, contraction dorsale pour sauter le pas,
le seuilHANte, dans le doute de sa propre absence il est vivant, très
vivantje le vois passer, être, sticker, ramer
pour un peu partout dans le monde aller, envoyer, comme ça, léger,
des clichés à toutes et tous, sans spécificité, pas de jalousie attisée,
l’instin on peut le partager, se le partager, baiser avec lui, faire une
ratatouille, comme plusieurs fenêtres de dialogues ouvertes : chacun
des légumes cuits séparément sinonil faut
mélanger les pinceaux, les couleurs, les impressions, les petites
touches, tous les verts, on les mange, les incorpore, blancs battus en
neige, doucement ruban, noué, cadeauil neige aux confins
aux autres c’est le désert et une armée, faut pas se laisser abattre,
et même, un doigt, juste un doigt, de scotch, de rhum, de gin, du
génépi, d’Alka-Seltzer, d’eau, encore vivant, et dans l’engrenage
remis, on se relève et trompette, le corps se reforme, grouille
on parle et pas on prend le temps
on fabrique des totems, des bâtons de sorcièr,e,s
on part à la chasse au dahu, au wölpertinger
on s’insémine tout le monde
là est invité à
dans le filet mettre d’autres provisions que celles exactement prélevées sur soi : on va pas se couper un bras,
on va plutôt en faire pousser un quinzième, on va faire preuve d’imagination, une pierre moussue peut être
un ortolan, un ortolan peut être une boîte de conserve, une boîte de conserve peut retrouver ses couleurs,
une machine-à-laver peut être remplie de baies, tout ce qui a été récolté se déproie en un bon petit plat,
fumant et baroque, sans additifs, sans conservateurs, il y a beaucoup d’appétits
ça se dissémine dans les chatteries d’un vitrail cassé, de graviers
sous un drapeau, sans motif, sans étoile, sans couleur, pas blanc pourtant, parfois
il m’appelle, je réponds
présente
c’est flou
Mathilde Roux † GI Mr
.Il faudrait arrêter un peu avec cette histoire d’instinct, me dit-il
.Le général n’est pas un animal
.Il faudrait arrêter un peu avec les généralités sur l’instinctivité .L’instinctivisme .L’instinphilie
.Le général n’est plus en état d’alimenter les atavismes
.Il serait mort, m’a-t-on dit. Il serait simultanément présent dans tous les évènements du futur et du passé. Il serait à la fois un esprit et un brisement
.Il faudrait commencer un peu à voir en face ma condition
.Le général ne peut être érigé ni au rang des vérités ni au rang des illusions.
à ceux qui croient qu’il erre il répond c’est vous
.À ceux qui croient qu’il souffre, qu’il a souffert et fait souffrir il oppose un silence en guise d’interjection. Un silence comme une conquête qui ne regarde que lui. La question que pose l’existence du général ne s’ouvre que lorsque les parties parlant pour les autres se taisent
.Je revendique mon impropriété, m’avait-il dit enfin avant que je comprenne
.Et pourtant c’est précisément cela qui m’avait plu, au premier abord, quand je l’ai rencontré : le cœur qu’il semblait mettre à ne rien épargner, ni personne, ni lui-même, sa jubilation à débusquer l’innommable et cette tension sublime de la bête traquée
.Mon intuition n’était ni bonne ni mauvaise, elle n’avait pas lieu d’être
.On ne croise pas le général, pas même en rêve, pas même sur le papier
.Le général disparaît dès lors que l’on respire, dès lors que se font jour un désir, une vision, une idée
Nicole Caligaris † L’auteur comme copiste
Le Général Instin réunit sous son nom les fondements d’une littérature d’après la disparition de l’auteur : le texte vestige, fragment, sa transmission par citations, par évocations, par interprétations, gloses, variantes qui donnent naissance à tout un réseau de versions parallèles et successives, à une littérature spectrale en somme, le doute essentiel sur l’idée d’original, d’identité établie, de « leçon » de référence, autrement dit d’autorité.
C’est au point GI du Général Instin que le plus actuel de la littérature se joint à l’archéologie, en rendant actifs dans la création des textes nouveaux les grands problèmes de l’étude des textes anciens tels qu’analysés par Luciano Canfora dans son ouvrage critique de la critique textuelle : Le Copiste comme auteur, traduit de l’italien par Laurent Calvié et Gisèle Cocco, Anarcharsis, 2012.
Dans cette discipline, on appelle « archétype » la version de référence, reconstituée à partir des différentes citations et copies disponibles d’un texte dont le manuscrit autographe a disparu. Le Général Instin est la manifestation du paradoxe de l’archétype : né de ses variantes, il est considéré comme leur origine.
Le Général Instin délivre le livre du livre et donne au texte une existence matricielle : verticalement, une constellation de récits autonomes, qui sont chacun une archéologie exhumant des fragments vestiges de textes antérieurs pour les assembler dans un texte et un sens communs, et qui sont chacun publiés dans un contexte propre, une revue, un ouvrage collectif, une plaquette, une communication orale, etc. ; horizontalement, le tout suit un même fil, forme un ensemble, compose un livre, publié de façon disparate, dans lequel chaque conte trouve sa place dans une entreprise archéologique plus vaste, celle du projet d’une conférence sur l’autorité commandée en 1903 au général Instin par le Ministre de la Guerre pour la formation des élèves officiers.
Le Général Instin réalise de toutes les façons possibles cette observation de Luciano Canfora : « le texte que nous lisons est toujours en définitive l’œuvre du copiste ».
Christine Jeanney † Votre avis nous intéresse
Message du TEIP : Votre avis nous intéresse
Bonjour,
Nous aimerions vous poser une dizaine de questions relatives à l’expérience que vous
1/avez vécu
2/vivez
3/vivrez
4/espérez de toute votre âme
5 /désapprouvez entièrement
avec le Général Instin.
Nous vous remercions à l’avance de bien vouloir y répondre dans les plus brefs délais, le Général Instin étant très pointilleux sur les horaires. Un retard d’une ou deux décennies impacterait grandement les résultats de cette enquête de satisfaction, ainsi que son attitude à votre égard.
Nous vous rappelons que notre organisme, le TEIP (Total Experiment Instin Program) est totalement autonome et se réserve le droit d’utiliser vos données personnelles en toute impunité, comme le soulignent les alinéas illisibles en bas de page 4. Nous saurons ainsi qui vous êtes et comment vous retrouver. Nous vous remercions de votre compréhension.
1/Le GI est-il pour vous
A- un point de repère
B- une lumière dans l’obscurité
C- un détail de l’Histoire
D- un visage effacé au tombeau qui s’égrène
2/Comment qualifieriez-vous votre premier contact avec le GI
A- une révolution espace-temps
B- le signe d’une petite faim
C- un grand trou au milieu du front
D- une épopée lyrique avec des sabres
3/Selon vous, l’attitude du GI est-elle compatible avec
A- une grande obstination
B- une grande délectation
C- une grande métamorphose
D- une grande armoire, avec des portes qui claquent
4/Le GI évoque-t-il pour vous
A- les steppes
B- une petite faim
C- la joie joviale du recommencement permanent
D- un élan
5/Quelle couleur associeriez-vous avec le GI
A- le magenta
B- le beige magenta
C- le rose grège beige magenta
D- la couleur de la mort
E- la couleur de la résurrection
6/Si vous deviez définir le GI en un mot, ce serait
A- le premier
B- un mot au hasard
C- le mot caché
D- le mot juste avant le point-virgule
7/Le GI entre brutalement chez vous un matin
A- vous vous offusquez
B- vous vous désoffusquez
C- vous l’aimez
D- pas d’opinion
8/Le GI vous poursuit où que vous alliez
A- vous n’avez pas la tête à ça, lui plus toute la sienne
B- vous vous asseyez ensemble pour entamer une partie de canasta
C- vous marchez à reculons, lui aussi, c’est ce qui s’appelle une danse
D- pas d’opinion
9/Ne pas avoir d’opinion à propos du GI démontre
A- l’étanchéité
B- une petite faim
C- la peur des tourbillons géants qui brassent
D- pas d’opinion
10/Dans un avenir proche (d’une ou deux décennies) avez-vous l’intention
A- de parler au GI
B- de poursuivre le GI
C- de composer une chanson pour le GI, paroles et musique
D- de décliner le GI en plusieurs versions toutes compatibles avec le GI, mais néanmoins légèrement divergentes (et dont certaines pourraient éventuellement faire dans un avenir proche – d’une décennie ou deux – l’objet d’une enquête de satisfaction)
Merci d’avoir bien voulu répondre à nos questions. Désormais, vous n’aurez plus une seconde de répit. Le grand chambardement sera votre compagnon permanent. En cas de plainte, de litige, ou tout autre désagrément déplorable, nous vous invitons à prendre contact avec nos services techniques à cette adresse : Cimetière Montparnasse, Boulevard Edgar Quinet, F-Paris 75014.
Anne Savelli & Joachim Séné † Instin & moi
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Lucie Taïeb † Instin pour moi
une nuit j’ai rencontré instin, à la lumière de mon écran
il avait plusieurs voix et plusieurs histoires
un autre jour j’ai vu sa tombe au cimetière montparnasse. il faisait beau et j’ai vu le vitrail
j’ai vu aussi la tombe d’adèle hinstin et bientôt j’ai su : qu’adèle et adolphe n’étaient qu’une seule personne, tantôt homme, tantôt femme. d’où me venait ce savoir ? depuis j’ai oublié l’histoire
chacun a ses morts
je pense souvent à instin désormais
parfois je parle avec sa voix
je n’imagine pas que je suis lui, j’essaie de savoir ce qu’il ressent : ce que l’on ressent lorsqu’on est un général qui, mort, continue de vivre, d’errer, sans chercher rien de précis. j’aime qu’il n’ait aucun but
j’aime surtout qu’il ne soit pas vraiment mort
chacun a ses morts
le militaire d’instin est pour moi plutôt d’opérette. la guerre n’est pas ce qui le définit mais une péripétie, dans laquelle on peut puiser. ou la métaphore d’autres luttes. instin n’est pas un guerrier. il n’a jamais rien gagné. il continue de vivre en vain
instin n’a pas de visage
parfois je vois bien sa silhouette, il est de haute stature, avec un grand manteau, un pas traînant, il tangue vaguement,
il est parfois une ombre enveloppante
instin ne veut rien dire — c’est aussi en vain qu’il parle. mais il est une persistance
j’aime qu’il ne soit pas mort
parce qu’il y a une tombe qui porte son nom, instin diffère d’un personnage de littérature. instin est hors de nous, hors de tous ceux qui écrivent à son propos/ l’écrivent/ le font vivre et proliférer comme « projet ». instin, de par sa tombe, a un pied dans l’histoire, mais aussi un pied dans notre présent : il a ce lieu, au cimetière montparnasse, paris 14ème, et depuis ce lieu, ça rayonne
mais comme instin s’écrit sans h, il a l’autre pied complètement ailleurs, il n’a plus figure humaine, il est fiction et prolifération, il est libre, livré à celui qui voudra bien s’en emparer — sans exclusivité
instin n’oppose pas de résistance
mais il échappe : instin n’est pas vraiment mort ni vraiment vivant, ni vraiment fictif ni vraiment réel, ni vraiment hinstin ni seulement instin
instin n’est pas vraiment
ça rayonne vraiment dans tous les sens
son cas incite à se pencher sur d’autres cas similaires — sur d’autres manières d’inventer des morts qui ne le soient pas vraiment, de parler avec les esprits
le chasseur gracchus est une forme d’instin, à moins que ce ne soit l’inverse
instin est réversible
il ne se termine pas.
à l’instar de shiva, dont il est paraît-il un avatar, il a les yeux mi-clos, et plusieurs bras
Raymond Penblanc † Instin de tous les songes
C’est par les traces toujours identiques de ses errances le plus souvent nocturnes qu’Instin s’est révélé à moi. Jamais je n’ai entrevu le moindre atome de son visage, et pas davantage sa silhouette. Tout juste ai-je surpris un balancement, parfois un simple tremblement du feuillage, comme au passage du vent. On ne saurait se montrer (se montrer ?) plus discret. Discrétion dont je m’oblige à faire preuve moi aussi. C’est qu’il en faut, dès lors que vous avez choisi de pister, sur des sentiers réputés imprenables, ce fantôme tout aussi imprenable, improbable même.
Je crois savoir qu’il est vêtu d’un ample manteau (noir) dans lequel il noie une silhouette tellement floue qu’elle semblerait l’émanation du corps qui (à minima) l’habite. Sans doute la perte du H est-elle à l’origine de cette extrême dématérialisation. Instin sans H, et donc sans âge, a la nature et le mystère des premiers brouillards du soir, ceux qui vous égarent à force de vous faire tourner en rond.
Lui-même ne cesse de tourner en rond. Il peut donc se trouver en différents endroits à la fois. Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser qu’il est capable de se couper en deux. G ici, et I là, ou inversement.
Aujourd’hui G a choisi de disparaître. Les derniers signes vont tous dans ce sens. Seul un I tenace, énigmatique et incorporel, témoigne désormais d’une présence qu’on devine douloureuse, électrisée par le resserrement d’un périmètre réduit à quelques arpents de forêts (bientôt à la surface d’une feuille de papier ou d’un écran ?) Mais au moins s’oriente-t-on vers ce que, chaque nuit, on guette avec une impatience fébrile : le centre exact où il se tiendra (droit comme un I.)
En attendant, c’est juste quelques traits de rouge, ce rouge carminé que les femmes déposent dans leurs mouchoirs de batiste comme dans leurs foulards de soie.
Instin serait-il donc
une femme ?
Une chose en tout cas est sûre. Il ou Elle contamine ceux qui se sont donné pour mission de déchiffrer ses singuliers messages. Egarés sur les chemins du rêve, ils finissent par se vider d’eux-mêmes. On est toujours le produit de ce qu’on traque. Voyez ces chasseurs changés en pierres. Voyez comme ces Indiens Peaux-Rouges ont fini par s’incorporer dans le paysage.
Alors, Instin ?
Instin,
confié-je à l’aile courbe du vent, qui es-tu ?
Ton double, répond-il dans un souffle, ton double incertain. Je suis qui tu fus et qui tu ne fus pas, qui tu seras et qui tu ne seras pas, je loge en toi, insaisissable et tout aussi incertain, comme je flotte autour de toi, aura, nuage, nuée, brouillard, ici et là, partout, nulle part, tel qu’aux premiers jours
de l’(H)umanité.