Anna de Sandre a une prédilection pour la forme brève ; elle écrit principalement des nouvelles (‘Le parapluie rouge’, à paraître aux éditions In-8) et de la poésie (‘Un régal d’herbes mouillées’, aux Carnets des Desserts de Lune), et ponctuellement des romans et des histoires pour la jeunesse (‘Iris et l’escalier’, Gallimard). La plupart de ses textes sont publiés dans divers recueils collectifs ou revues. Ses textes sont visibles sur son site Biffures Chroniques.
Ce qu’il manquait à Samuel « Os-de-seiche », c’était la putain d’idée qui lui permettrait de garder la main sur les fesses de la grande Lulu.
« T’as plutôt intérêt à nous sortir de ce piège », qu’elle lui avait dit, et depuis, le cauchemar d’une bulle de chewing-gum monstrueuse dans laquelle il hurlait en vain lui prenait le peu d’espace disponible qu’il aurait pu utiliser pour réfléchir à tout ce qu’ils venaient de vivre.
Il restait trois jours avant la visite des hommes de Berdoues. Trois jours, et la peinture qui tenait les murs de sa case ne lui inspirait rien. Il contemplait cette surface lisse dans un hébètement qui le reposait jusqu’à ce qu’une des lézardes s’impose dans son champ de vision, celle qu’il avait laissée courir, comme cette femme qui allait bientôt foutre le camp (et il se savait incapable de la supplier de tenir encore un peu), avec le canari aphone et la Takamine pour gaucher à pan coupé dont elle avait joué mieux que lui à la soirée des ouvriers chez Berdoues.
Rien, donc, à part la sensation d’une fuite de sable par les jambes de son pantalon, et cela suffisait pour qu’il comprenne qu’il avait eu une vie immobile.
© Anna de Sandre, 2013.
Anna, je suis en retard! Peu importe! Tu as l’art de dire l’essentiel en peu de lignes et cela me plaît beaucoup! Et je ne suis pas du tout gênée par la briéveté de mon commentaire. <3