J’avoue, au risque de me faire de nombreux ennemis, que l’œuvre de Bruce Springsteen ne m’a jamais renversé. Si j’ai une certaine sympathie pour Born to run (#938, 1975), notamment pour sa production (plus que son interprétation), je trouve les chansons longues et ennuyantes. The river (#1280, 1980) est vraiment trop… homogène. Et je n’ose parler de Born in the USA (1984).
J’aime bien Darkness at the edge of town (#1168, 1978), mais sans excès ; en revanche Nebraska est l’un des meilleurs effort du héros suant et rauque, sans sourciller. Probablement pour son décoffrage rustre : comme des maquettes enregistrées sur un simple quatre-pistes avec sa voix, l’une ou l’autre guitare, un harmonica. Portraits obscurs d’obscurs criminels, la cohérence est ici magnifique. Hanté et halluciné, touchant presque à un genre de nu-punk, évoquant même des voies futures comme jamais. C’est même une sacrée gageure, si l’on y pense, pour un boîte comme CBS ou un artiste de la trempe de Springsteen que d’oser publier ces pièces, parfois inabouties, parfois anastomosées, mais dont l’interprétation est remarquable. Pour moi le meilleur Springsteen, et de loin. Et qui mènera bizarrement à Born in the USA…