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Eric Darsan | MIC (Made In China) MAC(H 3/3): French déconnexion

Eric Darsan

Né en 1975, Eric Darsan est écrivain, critique, nomade, et membre actif du Général Instin. Il publie textes et articles dans diverses revues littéraires en ligne (remue.net, Poezibao, Sitaudis, La vie manifeste, etc.) ainsi que sur son site personnel, avec un intérêt particulier pour l’édition indépendante, la littérature contemporaine et expérimentale, poétique et politique. Il est l’auteur du Monde des contrées, paru en 2016 aux éditions Le Tripode et illustré par les 400 coups.

«Mais pour revenir à mon sujet, que j’avais presque perdu de vue, la première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés comme tels.» (Étienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire).

Roulements d’yeux, de tambour : les enfants uniques s’avancent par deux. Une jeune fille se met à chanter : les femmes-oranges reprennent leur air/souff-l-r-e(nt), sans masque, entre deux nénuphars. Des bouquets de jonquilles encadrent le drapeau, porté comme un linceul par mille hommes marchant au pas comme un seul. Vu du sol, la terre est rouge plus que sienne. Autour du portrait de Ma(k)o®, le défilé devient carnaval — folklore : vélos & chapeaux chinois, danses populaires & hommes d’affaires. Figurines de carton-pâte, lâcher de ballons plastiques par milliers qui empoisonnent l’atmosphère. In-conscience/-toxication massive, collectiv(ist)e. Entracte, poudre aux yeux/nez étiquetée Made in China.

Hon se débat dans son sommeil. Dans son esprit s’est déroulée la plus stupéfiante des fêtes. Un culte du/au progrès, fait fête populaire où se sont co(n)fondus, l’espace d’un instant, Nouvel An chinois & Sacre du printemps, nat-ion/-ivité, & mille fleurs & chars & tigres & dragons. Li&s par des milli€rs/milli(¥)ards/myriades de rubans. Animée par toutes les composantes de la société sous le regard médusé de dirigeants qui ont su renouer(,) avec leur âme d’a-u/-ntan(,) les vertus virtuelles d’une fiction dont tout le réel a été expurgé. A cette fin : une (d)ébauche de moyens sans fin, un programme pour la jeunesse, un divertissement enfantin — Much Ado About Nothing [beaucoup de bruit (Hon traduit d’ados) pour rien]. 

«J’étais furieux de n’avoir pas de souliers; alors j’ai rencontré un homme qui n’avait pas de pieds, et je me suis trouvé content de mon sort.» (Proverbe chinois).

Cette nuit de Chine (n.f. : Pays de rêve où l’étranger cherchant l’oubli de son passé dans un sourire a retrouvé la joie d’aimer), les spectateurs (genre pas déconstruit), l’ont partagée avec ses acteurs. Comme un divertissement à leurs conditions respectives — (dé)ca(la)ge, de verre, doré(e), sans frontière. Même confiné, Hon le sait bien : où que son regard s’égare (séjourne, voyage), les personn(ag)es rencontré[e]s parviennent toujours à exercer certaines libertés qui leur permettent de tolérer la contrainte. Comme si toute résistance offrait une consistance à l’adversité. C’est une grande consolation & un grand désespoir à la fois. De voir cette condition humaine partagée & de se dire qu’il y a toujours plus contraint que soi. 

Merde in France (Masque à gaz ciao bye bye). Hon se réveille en sursaut/sueur. Alarmé comme toujours par les faux-/non-événements(, )d’ici, d’ailleurs, Hon a (ap)pris l’h-/H-istoire. En marche (what else TINA ?), les commentateurs du cru (distants) ont vu ce qu’ils voulaient savoir, et Hon l’a relayé. Cru dur comme (la dame de) fer que la démonstration de force des soldats t-/v-êtus de plastique (Made in China) était destinée à l’étranger, rien de plus. Faux : [s-/c-hips, plan(e)s, t(h)anks :] think different® : à travers le tigre, au-delà du papier (tue-mouche-moustiques-rats-moineaux), c’est la vie toute entière, quotidienne et planétaire, que vise, verrouille et t(o)u(ch)e le capitalisme autocratique et sa tentation totalitaire, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. 

Sous le couvert de la démocratie, la république autoritaire réécrit le passé, subvertit le langage, (con)fond sphère publique et privée, intime, surveille et punit sous l’égide de son leader omnipré(sid)ent qui. Instaure une économie de guerre tournée vers la survie («du jambon, du fromage : des choses concrètes» (Ma(c®)o(n)). Invite à «enfourcher le tigre» plus qu’à chevaucher le dragon, salue Salut (Xi, dit Ma(k)o Moulage®), avec lequel il partage en direct milli(¥)ards et masques au nez des Etats désunis d’Europe et d’Amérique, teste technologies et loi de sécurité avant de les appliquer chez lui. Nie l’universalité des droits, cantonne celle des devoirs à la maison. Sous sa tutelle, la pirotechnie est toujours avenir : entre transhumanisme et collapsologie, elle a de beaux jours devant elle, et nuit(s). 

«La bombe atomique de l’esprit fait exploser la bombe atomique de la matière.» (Ma(k)o®)

Hon se lève pour de(/d’un) bon(d). En avant/arrière, c’est toujours pire qu’ici, à ce qu’on dit. Pour en avoir le cœur net, il faudrait abandonner cette idée au logis, voir ailleurs s’il y est, mais Hon ne s’en va pas (monsieur). En l’an pire de l’empire hexagonal, où l’absurdité contagieuse dépasse l’imagination asservie, Hon ne pense pas (monsieur) : Hon s’Assimil®, répète commente revote con(sta)te. L’ennemi, intérieur, est partout le même, sans qui nulle contrainte ne pourrait s’exercer : police, milices, armées, drones et balles impopulaires qui défilent pour la Fête des fantômes et défigurent les figurants. Hon est très conscient, manifeste, mais ça ne change rien. Par crainte de l’action directe et de la violence subie ou infligée, Hon n’y va pas assez, n’ose pas («Oser lutter, oser vaincre.» souffle Ma(k)o®). 

Hon parcourt les journaux, les réseaux, qui ont tant glosé, se sont tant gaussé des chiffres, ont tant et tant. Traité de l’efficacité de leur traitement avant de l’appliquer aux leur(re)s. Compté sur l’amnésie et le contrôle des populations, ali-/dé-mentant tour à tour les rumeurs de complot et le racisme ambiant. Hon se souvient de Wuhan, «la ville la plus française de Chine», berceau de l’industrie et de l’épidémie de zoonose qui co-vide désormais les villes avec l’appui des autorités. Debout devant son frigo fabriqué par des esclaves Ouïghours et rempli d’animaux morts, Hon, attiré par un magnet, décroche la carte postale reçue il y a des mois où figurent deux jeunes filles, un vieil homme en vélo. Entre eux/deux âges, un autre personnage d’origine asiatique consulte son mobile au pied d’un monument d’architecture soviétique. 

Hon retourne la carte, comme au jeu de memory, s’attend à découvrir Beijing, survole et lit : «Je t’écris de Tiranë, Shqipëria, au cœur des Balkans. Le Musée National Historique, avec sa mosaïque monumentale, est inspirée du réalisme socialiste. A sa droite, le Palais de la Culture a été achevé par des architectes envoyés par Ma(k)o®. Entre les deux, le building de l’hôtel international communiste. Derrière moi, l’hôtel de ville fasciste. A sa gauche, une mosquée et une tour ottomane restaurée par la Chine. La place Skanderberg, héros de l’indépendance, a été rénovée par un cabinet français dans une vision européenne de la capitale ». Hon repose la carte, sépare mentalement les images décrites, les mélangent à la manière d’un puzzle, tout s’ajoute, mais rien ne s’agence avec ce qu’Hon a apprit. 

«La critique littéraire et artistique comporte deux critères : l’un politique, l’autre artistique.» (Ma(k)o®) 

Pour comprendre quelque chose, quelqu’un, quelque part, il faudrait toujours commencer au lieu de finir par. Deviner qui est Hon, qui on est et d’où on parle, qui s’a-g/l-ite, but(t)e sur les m-aux/ots. D’une expérience/perception par essence fragmentaire, presser un réel ré-(/)un(/)-ifié d’apparaître à travers la profusion de ses réalités toute(s) relative(s), malgré la confusion et la sidération, la fascination et l’impuissance qu’elle(s) génère(nt). Appliquer au H de l’Histoire, aux aléas de l’actualité, le traitement pro-pédeu-/-phylac-tique d’une critique littéraire qui distingu-/analys-/erait l’effet des faits, (dé)li(e)rait pensée et l’action, praxis et poïèsis. Sortir du mauvais rêve/sort de la dialectique, des crises qui nous séparent, divisent, substituent l’avis à la vie, pour aspirer à la (dé)construction, entre critique et création, vers et fruits, remède et poison, d’une po-é/-li-tique digne de ce nom. 

En attendant, tant qu’Hon ne parviendra pas à s’extraire, Hon n’aura rien vu, com/-ap-/-pris, ou plutôt si :  tout ça c’est du chinois, vu d’ici. 

Crédit photo : ©Huang Gang, 16 Mao (résine peinte), 2005 

Eric Darsan | MIC (Made In China) MAC(H2/3): Hong-Kong correction

Eric Darsan

Né en 1975, Eric Darsan est écrivain, critique, nomade, et membre actif du Général Instin. Il publie textes et articles dans diverses revues littéraires en ligne (remue.net, Poezibao, Sitaudis, La vie manifeste, etc.) ainsi que sur son site personnel, avec un intérêt particulier pour l’édition indépendante, la littérature contemporaine et expérimentale, poétique et politique. Il est l’auteur du Monde des contrées, paru en 2016 aux éditions Le Tripode et illustré par les 400 coups.

 

«Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires.» (Ma(k)o®)

Face à la place de la porte de la Paix céleste, Hon poursuit sa (m-/)v-is(s)ion, aperçoit sous/sur le portrait du Grand, la figure du Petit Timonier, concentré (petimonier), menant son équipage, qu’il avait bien (du courage). Censuré, hors-champ/-cadre (derrière, avant, le feu d’artifice(s) final) : le montage (financier), l’explosi(ti)on (médiatique), le mélange (d)étonnant, fondu/soudé de la dictature politique et de l’économie ultra-néo-libérale dans une Chi(na)mérique(,) union démocratique et sociale. La fusion d’un réel et d’un virtuel omniprésent€($),d’une vision unilatérale centralisée, (dé)formée, d’un capitalisme rouge qui n’a gardé du communisme que l’Etat : moins l’ordre que le pouvoir, (con)testé par HK. 

Two countries, One system : Delenda Carthago et tout ça. De nouveau, Hon part, court les manuels scolaires, (pro)mu(s) par le pouvoir, voit les deux superpuissances mondiales se j(a)uger à travers leurs avatars — sociétés miroirs, truc-hement/-ages pour (sa)voir qui sera. Premier King d’Hong-Kong, nuque calée sur son oreiller à mémoire déformée, Hon rêve encore. D’histoires de cow-boys et de fantômes chinois : l’un des deux est de trop dans cette ville et tout ça. «On ne saisit rien la main ouverte» disait Ma(k)o® : depuis les guerres de l’opium et la révolte (à poings fermés, nommée) des boxers, à Hong Kong, (S)RAS de la RPC, on ex-porte/-trade à qui mieux mieux de/vers l’O-ri/-ccid-ent et vers/de l’O-ccid/-ri-ent. 

«Seul celui qui porte des chaussures sait si elles lui conviennent, et il n’y a que les gens qui peuvent dire si la voie de développement qu’ils ont choisie pour leur pays est la bonne» (Xi Jinping)

Face à la gestion impéri-euse/-ale de l’espace (con)sacré, Hon voudrait se tenir debout comme l’armée de terre (cuite) de Xi(a)n, mais Hon peut seulement. Lever les yeux et entrevoir, dans cette obscure parasomnie infantile et militaire, en lieu et place de l’heur-e/-t du réveil, deux dates et leur commentaire : 1949=>2019 : décalage, horreur. Hon gît, dort, sombre, songe que, malgré toute sa bonne volonté, le sursaut de Hong-Kong est encore rêve d’unité, émeute des boulettes de poisson, naïf dans ses appels à la Communauté Internationale. Hon s’indigne, du World Dream répond : il n’y a pas de CI. De là, exhorte HK à abandonner la dépendance et la fascination. En vain : là-bas comme ici, le régime d’exception confirme toujours la règle.

Enrichissez-vous, disait un autre Deng, un autre Xi, et si le rêve chinois (Zhongguo meng) n’est pas l’américain dans sa way of life (ce rêve bleu, je n’y crois pas, c’est merveilleux), il le concurrence à sa façon : c’est un songe intérieur dont le veilleur se veut gardien. Camps d’internement, de rééducations, persécution des minorités, interdictions de manifester, liquide marqueur, yeux crevés — chaises du tigre, assise chez les Dragons. Les hauts fonctionnaires, pour pallier à l’indignation, comme partout parlent économie, poétique du panoptique octroyant à l’argent une valeur morale — individualisme communautaire et autres contradictions (l’économie n’est jamais solidaire) initiées par la lignée des Ma(k)o®. 

Big Brother/Da-da/-ta : vidéosurveillance & censure, contrôle & crédit social : il n’y a pas de diplomatie du Jinping-pong (Nixon in China), aucun jeu possible : juste un grand vide, un filet et des balles : : : (Made in China). La poudre aux yeux du Ma(k)o® original contenait déjà en creux la drogue et le poison, l’opium du peuple, l’obéissance comme religion. Le pinyin de Xi Jinping n’est pas né de la dernière pluie, le jump de Jinp pas un saut dans l’inconnu, mais la poursuite du Grand Bond en avant et de la Discipline confondus. Le régime dur(e), donc le régime ment. Amitié immortelle, décorée. De chrysanthèmes, de poignée de m-/n-ain(s). De Kim à Xi — R(D)PC. Au même moment, dans le Port aux Parfums, un étudiant est abattu.

«Voyez, n’étaient-ce pas des tigres vivants, des tigres de fer, de vrais tigres? Mais, en fin de compte, ils sont devenus des tigres en papier, des tigres morts, des tigres en fromage de soya. Ce sont là des faits historiques.»

Le tyran, revenu à sa place par la magie de la télévision, déplace le curseur et regarde le doigt en haut ^ à droite > en bas v a-vant/-rrière, carré(,) noir de militaires, a/o-u pas. Bruit blanc => Une femme crie, d’autres lui répondent <=Bruit blanc. Le regard fixe(,) l’une(,) fixe l’autre. La caméra(,) la diagonale. Figée, dans la ligne de mire, chaque femme en blanc de la rangée. Égale dans son rang, commande un mouvement, reine dupliquée formant un échiquier (é)mouvant sous le regard soudain (é)m(o)u(ssé) d’Hon qui, relayant un scoop, participe((,) présent,) à sa viralité : HK se coupe, coronavire (un temps, soit peu) la Chine pour raisons sanitaires — «L’homme n’est pas une marchandise comme les autres», disait l’homme au Kärcher®. 

Leçon de confu-sion(-/cia-)nisme : travailler + pour gagner + que la somme des parti(€)s. Au pouvoir, on vise l’immunité diplomatique par l’intoxication massive d’une population m-/n-assée, (dé)classée, à la lutte détour(n)ée. Avec le virus, le net et la rage sont muselés, endigués effluves et flux. Tendu, à force de se laver les mains & la conscience, boule à z & tabula rasa, Hon ne distingue + rien (ne) réagit + (ne) s’en-f(o)uit +. Du rêve de la réalité, les chaînes de (super)production libellent l’imagination par-delà les frontières. Apparition encadrée du Grand Timonier : le Vrai, Ze Dong (l’autan, du levant), format portrait. En contrebas, en faux-col Ma(k)o®, dé-/en-touré de ses sbires, Xi [(sou)rire en croiX :-z] relance le coup d’envoi. 

Femmes-oranges (rouges & jaunes, dégradé(es)). Détonations, tirs et bottes : échos. Les soldats, sans se défiler, (en)filent la trame du roman national, le regard vide, a-/lobo-tomisés. Un moment de répit et c’est reparti, comme s’ils s’apprêtaient à ré-envahir le Tibet, la Hongrie. Coup d’œil dans le rétro(-action) de la voiture à f[r]ic(tion) de la doublure Ma(k)o® : cascades, tonneaux, de documents d’époque. Ailes volantes, chasseurs à géométrie variable, avion(-)[s, ]cargos. D(‘)assault®, Elbor et Getbo. Loopings, loupes et coupés, oiseaux de bois (mu yuan) conçus à des fins/par défunts militaires, pour mettre l’ennemi aux abois, émettre aux alliés et assimilés, ®épandre en boucles é-t/rr-atiques — la répétition comme équivalent du spectacle. 

Crédit photo : ©Huang Gang, 16 Mao (résine peinte), 2005

Eric Darsan | MIC (Made In China) MAC(H 1/3): China collection

Eric Darsan

Né en 1975, Eric Darsan est écrivain, critique, nomade, et membre actif du Général Instin. Il publie textes et articles dans diverses revues littéraires en ligne (remue.net, Poezibao, Sitaudis, La vie manifeste, etc.) ainsi que sur son site personnel, avec un intérêt particulier pour l’édition indépendante, la littérature contemporaine et expérimentale, poétique et politique. Il est l’auteur du Monde des contrées, paru en 2016 aux éditions Le Tripode et illustré par les 400 coups.

«Chose vraiment étonnante et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter puisqu’il est seul.» (Étienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire). 

C’est un rêve/®éveillé, un mirage sans nuages, une hallucination collective entre amor fati et fata morgana qui s’anime. Le dess(e)in à miner d’un monde dyslexique, unilatéral (Ernst Mach) et (multi-(/)-bi-)polaire qui s’agite. Arrête : grand-angle, écran(,) (de) fumé(e) : autour d’une maq-/bag-uette(, )magique(s), le(s) plan(s) s’en-/se dé-chaîne(nt)/-roule(nt), se succèdent, superbement réalisé(s). Mis(e) en scène — Hon assiste, h-/éb-ahi/-été, fasciné par le faste et l’absurdité, au défilé militaire à/devant son poste. Par lui, personnage et spectateur d’un feuilleton télévisé et littéraire, se (dé)li(e)ront ici l’imaginaire et la réalité. 

Hon () signifie livre, mais aussi pays : à travers le premier, (H)on (celui d’où provient la parole) connaît le second. Hon n’est pas chinois, nippon (日本), mais français (souvent le f-/F-rançais mélange, con-fus/-fond). Tel Télémaque (celui qui : est loin du combat/combat de loin pour la fin du combat/à une fin lointaine), Hon se projette Mach 1 dans ce micmac (La superposition d’une multitude de petites perturbations crée une grosse perturbation qui augmente considérablement la résistance). L’odyssée suit son cours, la téléma®chie se poursuit, que nous suivrons en plissant les yeux, dé(-)/con-centrant notre regard.

«Lorsque des nuages ont assombri le ciel, nous avons fait remarquer que ces ténèbres n’étaient que temporaires, qu’elles se dissiperaient bientôt et que le soleil brillerait sous peu.» (Ma(k)o®)

Le buste du Président Salut (Xi) salue (sans les bras : droits, serrés le long du buste : pas au pas/garde à vous, mais comme plâtré), aussi oscille la tête en pâtre avisé. Comme un Ma(k)o Moulage® mal(a)[ ]pris, le bas du corps coulé dans sa. Gang(ue) automobile, dodu dodelinant du. Chef, (mais pas trop,) (os)cillant, clignant des yeux, Xi Jinping, répète à qui (?) mieux mieux un mot qu’Hon comprendrait s’il parlait vraiment. Chinois, le ciel est bleu (papillon de papier, passe affolé un cerf-volant), les nuages ont été chassés grâce à l’argent (en pluie) de la géniale ingénierie (pluviogénie) offerte au petit peuple des pairs qui crie (ô génie!). 

Et, haut, le soleil brille (bis repetita), libéré de la pollution grâce à la fermeture temporaire des usines. Pas un bruit/pli. Loin des parapluies nucléaires, entre la porte (men) de la Paix céleste (Tiān’ān) et sa place, sur l’avenue éternelle du même nom (Cháng’ān), Hon suit le lancement des commémorations. Blindés, missiles intercontinentaux et appareils (des tas) : toute une armada (venue d-e/-u pays) autorisée à la circulation au cœur de la capitale (où il ne pleut pas). Hommage au petit pair du peuple toujours plus grand, Ma(k)o Moulage®, t-/m-enace, se la joue Hong Kong Fou Fou & Mac de Macao, relance le Flow au Mic — Made in China. 

Les gens présents, en congé pour l’occasion (un quidam choisi pour ne pas faire de noise pour dix cantonnés à/devant leurs postes de télévision offerts par le parti) pour supporter la patrie, dévisagent les figurants (des visages, des figures). Visiblement peu affectés, hormis par la/le ma-ladie/-quillage qui leur ma-r/s-que le visage (rouge de honte/colère/joie — flush blush flash back lash). Masse atomisée dont l’image n’apparaît jamais aux côtés de l’armée ou du gouvernement, mais toujours. En marge(,) des manifestations — «L’unité est source de force» dira Ma(k)o® le Petit (quand l’eau est calme, il arrive de confondre l’aval et l’amont). 

«Rien ne peut ébranler les fondations de notre grande nation. Rien ne peut empêcher la nation et le peuple chinois d’aller de l’avant.» (Ma(k)o Moulage®)

Le vent d’est (Dong Feng) dans l’ivresse désarme ses voiles (ou l’inverse) intercontinentales. Le drapeau rouge, jeté comme un filet dans un vivier au début de la liesse, apparaît en incrustation. Héliporté, flottant au-dessus de parallélépipèdes rectangles — pierres de sucre, dominos (Sims City, Beijing Say(s)). Théorie (diffraction/multiplication/mosaïque) des JO (divers et dettés, futurs et passés) qui se pose là (Hon on a vu/voit venir, déjà). Devant la tribune, (H)on sourit, salue Salut (Xi). Casquette vis(s)ée sur la tête puis ®abattu€, avise les chars apparus, comme constitués de blocs — peinture camouflage pixelisée façon Lego®. 

Marques déposés®, modèles siglés — JL-2, H6-N, DF-100/-41/-31AG. Avec ça des têtes, pleines comme des citernes, nucléaires à l’envi(e). Tout est si grand que c’en devient tout petit. Hon pense à Noël, songe qu’il pourrait s’agir : d’exemplaires de jouets répliques fac-similés de démonstrations, maquettes en rangs serrés comme le persil plastique sur les étalages des bouchers. Les petits soldats les longent, le port de l’uniforme, d’arme et de tête au carré², caméras au front, embarqué(e)s dans une reconstitution destinée à réinterpréter au futur un rôle et un scénario inlassablement préparés et répétés pour être joués par le passé.

A l’arrière-plan, un panneau de promo-/liquida-tion (tout doit disparaître) du régime porte (en rouge & jaune et 4X3) la mention 70. 1/Soit le temps écoulé entre le 1er Ma(k)o® et ce 7ème (VII, dit XI,) Ma(k)o Moulage®, qui s’est offert pour ses 7 ans la mandature illimitée. 2/Soi-e/-t encore, l’âge du petit livre de vinyle (soft cover). Du rouge qu’Hon lit sous la pluie (résiste à l’eau, pas au régime, qui le fit détruire pour mauvaise influence) au petit blanc, au petit jaune. Le QI entre deux thèses, Hon est comme saoul, fou, secoue ce sommeil de papier mâché, se (dé)livre et se (re)plie à l’infini in-octavo (8). Dans son sommeil, la fièvre. Empire, il ©r-ê-è-ve… 

Crédit photo : ©Huang Gang, 16 Mao (résine peinte), 2005