Je me souviens d’une pièce de théâtre : bruits constants, tout bouge.
La scène se remplit aussi vite qu’elle se vide. Des comédiens sortent de partout, de partout sortent des clandestins.
Corps mis en avant : nous suivons, rien ne devrait nous échapper. Étonnement : nous fixons leur visage, nous palpons l’agitation, cette passion et l’inquiétude qui s’en dégage.
Clandestins soulevés par la mer, ils s’échappent. L’eau et la musique emportent le spectateur figé au sol.
Cris : on les entend à travers le vent, on ne voit que les membres qui se tendent, les mains qui agrippent, les doigts qui s’écartent, ils appellent à l’aide.
Liberté : des tas d’êtres humains bougent, s’élancent vers quelque chose, on meurt.
Agitation : des vagues se forment, tout va s’engouffrer, ce drap se soulève, se secoue, se remue.
Soulagement quand d’autres comédiens sortent des côtés, courent, s’élancent, chacun emporte le drap, balaie la scène.
“J’écris ton nom” : message de fin. Une énergie, une action. Possibilité de comprendre l’autre…
Le Dernier Caravansérail, le fleuve cruel, un passage en Afghanistan, mise en scène d’Ariane Mnouchkine, création collective du Théâtre du soleil, 2004