Pierre Antoine Villemaine est metteur en scène, écrivain, artiste et enseignant. Chargé de cours à l’Institut d’Études Théâtrales de Paris III, directeur artistique des Ateliers de lecture à haute voix de la Bibliothèque Publique d’information, Centre Pompidou (2001-04).
A mis en scène des oeuvres d’Artaud, Bataille, Blanchot, Celan, Duras, Genet, Giacometti, Handke, Jabès, Kafka… A organisé et participé à des rencontres et colloques notamment sur Artaud, Jabès, Blanchot, Celan, Michaux…
A publié de nombreux articles, récits et poèmes en revues : Remue.net, N4728, Ralentir/Travaux, Revue des Sciences Humaines, Revue d’Esthétique, Théâtre/Public, Europe, Le Nouveau Recueil, Sens Public, Communications …
Des années passèrent. Et puis un jour je reçus ces mots sur un bristol : “Nous avons la tristesse de vous annoncer les funérailles de Mr M. Le convoi partira de la maison mortuaire de Chantilly le 12 Avril à 15 h. pour se rendre en l’église Saint-Sauveur et de là, au cimetière Lachaise. De la part de toute sa famille, parents et alliés. Dans l’espérance de la résurrection.“ Ainsi donc mon héros, celui que je suivais depuis de longues années avait tiré sa révérence. J’étais bouleversé. Non par la disparition de cet homme auquel je m’étais inconsidérément attaché, car il fallait bien admettre que ce n’était qu’une silhouette de papier et donc qu’il ne m’importait pas plus que cela, non, j’étais bouleversé par le vide qui s’ouvrait désormais devant moi. Plus de figure auquel je pouvais me rattacher. Désormais seul face au vide. Ce héros m’avait soutenu bien longtemps et je lui en étais extrêmement reconnaissant. Il n’était plus désormais. Réduit en miette. A jamais déboulonné, comme cette statue renversée en une lente chute, s’effondrant dans un gigantesque nuage de poussière — moment inoubliable et très télévisuel que cet être de ferraille réduit en mille morceaux. Plus de figure auquel me rattacher, ai-je dis, et me revoilà aux prises avec ce sempiternel glissement des figures, à leur élégant évanouissement dans l’air puis à leur disparition. Et puis, toujours, encore, cette pensée en transit aussi fuyante qu’obstinée qui ne s’incarne que provisoirement, demeure sous la coupe de ce qui ne se dit pas, refuse de se figer dans une forme, qui, par delà les figures, veux saisir, obstinément, autre chose.
Merci Pierre Antoine. En lisant j’ai bien l’impression d’être dans ta peau. Les phrases sont émouvantes, sincères. D’une valeur universelle parce que le sujet touche notre fond, le fond des hommes.