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Général Instin • La Prise de la Belleville

22 bis rue Dénoyez, Paris XX, métro Belleville
du mardi 16 au dimanche 21 juillet 2013
performances chaque soir à 20 heures (sauf dimanche)
« vernissage » du mur vendredi 19 juillet à 19 heures 30

Chaque jour à partir de lundi 15, le programme précis du lendemain sera annoncé sur cette page, ainsi que sur les comptes GI Twitter et Facebook
Actions déjà prévues :

mardi 16 : Anne Kawala, Marc Perrin, Pierre Antoine Villemaine, Philippe Régnier (vidéos)
mercredi 17 : Benoît Vincent, Patrick Chatelier
jeudi 18 : Tamara Schmidt, Philippe Régnier (vidéos), Dominique Dussidour
vendredi 19 : Christophe Caillé avec Alice Letumier, Anaïs Nina Debaisieux, Marielle Lemarchand, Séverine Batier, Sylvain Granon
samedi 20 : Christophe Caillé avec Alice Letumier, Anaïs Nina Debaisieux, Marielle Lemarchand, Séverine Batier, Sylvain Granon

Avec (entre autres) les écrivains, plasticiens, street-artistes, comédiens, musiciens, vidéastes… Séverine Batier, Estelle Beauvais, Sereine Berlottier, Mathieu Brosseau, Christophe Caillé, Éric Caligaris, Nicole Caligaris, Patrick Chatelier, Eli Commins, Anaïs Nina Debaisieux, Dominique Dussidour, Gilles Duval, Alexis Forestier, Sylvain Granon, Fred Griot, Maja Jantar, Anne Kawala, Marielle Lemarchand, Alice Letumier, Pedrô, Marc Perrin, William Radet, Philippe Rahmy, Philippe Régnier, Anne Savelli, Tamara Schmidt, Joachim Séné, SP 38, Sunny Jim, Lucie Taïeb, Vincent Tholomé, Pierre-Antoine Villemaine, Benoît Vincent, Guillaume Vissac, Laurence Werner David…

En collaboration avec Frichez-nous la Paix, association, rue Dénoyez, Paris
et La Panacée, centre de culture contemporaine, Montpellier.


Général Instin ou GI, projet artistique collectif et interdisciplinaire, fantôme de soldat qui s’est mis en tête de conquérir le monde, prend d’assaut la rue Dénoyez à Paris Belleville et son mur dévolu au street-art avec un affichage monumental et des performances.

Investir un mur dans la rue, avec un affichage composé principalement de mots, est une façon de désenclaver la littérature, de la remettre au cœur de la ville et des enjeux contemporains.



Transposition des « Transmissions » du Textopoly,
centre de ressources de La Panacée, Montpellier, juin 2013


L’affichage du Textopoly

La Panacée est un centre de culture contemporaine de la Ville de Montpellier inauguré le 22 juin 2013. Général Instin y était en résidence de décembre 2012 à juin 2013 avec quatre artistes : Eric Caligaris (plasticien et musicien), Patrick Chatelier (écrivain), SP 38 (street-artiste), Benoît Vincent (écrivain et botaniste), qui ont particulièrement travaillé sur le Textopoly, site cartographique créé par La Panacée et dédié aux nouvelles écritures, composé aussi d’images et de sons.
Pour sa première exposition intitulée “Conversations électriques”, La Panacée a transposé sur le mur de son centre de ressources l’un des “monuments” GI du Textopoly : les Transmissions.

C’est cet affichage qui sera reproduit sur le mur de la rue Dénoyez à Paris, Belleville.

Les autres affiches seront des créations originales d’écrivains et plasticiens.

Parham Shahrjerdi & Benoît Vincent • M.A.

Elle s’appelait                                     
                   Maurice
                   Robert
                   Jackie
                   Dionys
                   Marguerite
                   Elio
                   Roland
                  
                   Thomas
                  
                   Maurice
                  
Tour à tour Elle

était la certitude de ceux qui n’étaient Elle
       était,     oui,       la

voix retentissante des absents qu’elle
       était.

Elle
       était

Lutter, venir, inter-
venir, elle le savait. Quand il le fallait. Elle

rappelait la joie
mais aussi le chagrin Elle
       était
le chagrin qui nous
sourit. Elle

       était l’équilibre manqué.

La mémoire des temps oubliés      ô combien Elle
       l’
                   était.    

*

 

Oui, elle est la joie,
la joie triste, la joie simple, la joie concernée
par le désastre

Ce qu’elle ne porte pas forcément dans le mot,
Ses yeux
le trahissent.

C’
était
l’amour, l’amitié,
le don et l’aban-
don

Elle porte encore la voix.
Elle porte encore la voix tue
Tu portes encore la voix
Tu es la voix.

La voix est tue.

 

*

Enfin plutôt taire, enfin nous voilà nus, nous n’aurions jamais pu imaginer cela, et pourtant cela. Lorsque dans les ruelles nous balancions, au bras, puis c’était déjà la nuit. Le miel de lavande, les cartes postales, les petits livres
                   rouges,
                                          les petits messages.

Destinés en vain.

*

D’une certaine façon, nous le savions, n’est-ce pas, que le désastre finit par tout prendre.

Même vous, même eux, même mots.

Nous le savions et nous ne saurons jamais accueillir l’effacement même.

Un monde s’écroule. Et nous avec. Et
avant que l’oubli vienne tout effacer, nous effacer, nous penserons à M.A

À cette capacité, cette volonté, cette ferveur de garder
       intact
                   quelque chose, quelqu’un, quelques-uns

pendant des jours, des années, longtemps après leur disparition

— être-là toute une vie, après la vie.

Nous penserons à l’Impossible, à l’Impossible nous ne cesserons de penser.

À la discrétion qui manque, qui manquera toujours.

À ces mots : « Très bien », « Merci », « À bientôt », « Vous m’appellerez », « Je vous embrasse », « Au revoir, au revoir »…

Et puis nous penserons à ce que nous perdons à jamais : M.A. Et puis nous penserons à ce que nous gagnons pour toujours :

Rien.

Elle
appelait
M.A, Elle
appelait

Elle
s’appelait
M.A
rappelait
M.A,

Elle
était
tout un monde.

C’était M.A,
la nôtre, toute,
tout entière aux autres
l’incarnation de tout
le monde.

Un monde, qu’elle rappelait, s’évanouit dans un sourire. Un sourire triste dans l’air.

Elle
rappelait tout
un monde.

Un monde n’
est plus.
                  
                  

Benoît Vincent • Procès verbeux (1)

Benoît Vincent travaille Ambo(i)lati. Il rassemble des statuts Facebook sous le titre de Procès verbeux.

1. Les nouvelles étaient tellement mauvaises (crise, réchauffement climatique, violences, météo et Philippe Meyer) qu’il a mis La jeune fille et la mort, et dans la cuisine, a agité son corps dessus.

2. Le monde était tellement obscène qu’il était d’avance entendu que ce ne seraient jamais pour ses qualités littéraires qu’on apprécierait son prochain roman, libre adaptation de la vie pour le moins rocambolesque de John C. Holmes.

3. Et c’est ainsi qu’il partit trois jours en Ardèche, sur le plateau, pour une formation sur les Systèmes d’information géographique.

4. Des deux c’est lui qui préférait le pain — et se coltinait de devoir finir celui de la veille, car il avait horreur de gâcher quand, tout chaud, le quotidien craquait de désir presque érotique.

5. Sur la route, à dix kilomètres de distance, il a croisé soit deux salamandres, soit deux bracelets brésiliens géants.

6. N’avait qu’un rêve Antoine, être réincarné en un truc maigre. Réincarné en os. En os de poulet si possible.

7. Il s’est bien sectionné un doigt en cuisinant son premier chou farci ; mais les convives n’y ont vu que du feu.

8. Pascal n’avait pas abandonné son projet d’un roman mettant en scène Brunehilde, fille d’un paysan du VIe siècle, destin exceptionnel à la charnière des civilisations.

9. Intriguée par le sérieux boxon que faisaient les pois chiches qui trempaient, quelle ne fut pas la surprise d’Orcanette de découvrir, derrière la planche à découper, un réseau de prostitution de scutigères véloces.

10. Alors qu’il fouine dans la grange de son pépé Edmond, Kévin découvre, stupéfait, une collection de disques vinyles de post-punk et se demande bien à quoi cela peut servir. Il décide alors de se branler sur les pochettes.

11. Soudain Louis, alors qu’il coupait la betterave d’un bortsch en écoutant cet opéra pour Espagnol catarrheux, Tommy, fut submergé des larmes du matérialisme romantique. Il assassina sa femme et nourrit une profonde aversion pour tout ce qui se réclamait du corps social.

12. Eliette Faure disait qu’elle n’était pas de Forcalquier, mais de Banon, où son père avait eu le premier garage. En vérité sa famille venait d’Oppedette, et leur arrivée à Forcalquier était pour le moins obscure. Elle en récitait d’ailleurs le blasonnement lors de sommeils tortueux : « de sinople à un ours d’or ; coupé d’or à un pal de gueules ».

13. Serge avait mis en téléchargement illégal cinq Vissotsky différents, ou plutôt cinq fichiers différents du même disque de Vissotsky, en espérant cette fois qu’il n’obtiendrait pas que des vidéos amateurs de tuning ou de triple pénétration + éjac anale.

14. Chaque matin et puis chaque soir, alors qu’elle prend la route qui de Saint-Remèze mène à Vallon-Pont-d’Arc, où elle est hôtesse à l’OT, Marie-Hélène examine, ausculte et peaufine. La meilleure épingle. Le beau précipice. Le lieu plus sauvage. Les boustrigas. L’éboulis. Un beau vol, un beau vol et un bel atterrissage, loin, loin et glorieux, loin et glorieux et seule, hors-cadre, en dehors du monde, enfin soi-même.

15. Alors qu’elles rentraient du bal folk de la Tour du Pin, Maeva et Loana l’ont décidé. C’est le dessin de la guirlande lumineuse devant la mairie de Saint-Jean-de-Soudain qu’elles tatoueront comme un tribal juste au-dessus de leurs fesses.

16. Et Richard suit avec grande attention le petit-huit, le mouvement torsadé qu’a effectué le caillot de sang lorsqu’il l’a craché dans les toilettes. Soumis lui aussi aux lois physiques, s’en sort bien, esthétique, les mêmes lois qui règlent la maladie qui règne sur son corps.

17. Cependant, vers 7h40, alors que les gamins du premier rentraient du réveillon faits comme des kakis, leur grand-mère s’est mise à gueuler, a voulu à tout prix sortir de son grabat et s’est plantée sur le seuil en gueulant éructant grognant Moi aussi rrh je veux y aller rhh danser grrrhe. Le syndic dont les membres ont péniblement patienté minuit pour se fêter la bonne année s’est réveillé péniblement, et de mauvaise humeur. Il a décidé à l’unanimité, en séance extraordinaire tenue ce jour dans le couloir, qu’on extrade la vieille, à défaut de pouvoir la dépecer sur place.

18. Pino aime la bibliothèque municipale. Alors qu’il a quitté l’école à 13 ans, tous les jours il y fait sa sieste. Il y fait chaud, c’est propre et lumineux et il y a des jeunes filles de partout. Il se munit du sempiternel volume de Leopardi (ça lui rappelle vaguement quelque chose, ce nom), et ne le lit pas. Il s’endort dessus, en prenant soin de ne pas le tacher avec les écailles de la nuit.

19. Mario aime la librairie Feltrinelli. Depuis qu’il est à la retraite, ça fait onze ans, tous les jours il y fait sa sieste. Il y fait chaud, c’est propre et lumineux, et il y a tous les journaux à disposition, et même un petit café (ou du reste il ne va jamais). Il se munit du sempiternel volume de Benedetto Croce (ça lui rappelle vaguement quelque chose ce nom), et ne le lit pas. Il s’endort dessus, en prenant soin de ne pas l’équarrir de ses gestes brusques de bête d’ouvrier portuaire.

20. Drame au 121 bd St Germain. Jean-René, passablement éméché, tenait le couteau à huître pointé sur son sternum et s’est mis à crier à Louis-Maurice : « si tu oses répéter que Jean Paulhan est de droite, je me fais hara-kiri ». Margarida, la bonne, ne savait pas si elle pouvait amener les cafés.


L’émission du général : Lucie Taïeb & Benoît Vincent


Mission 564gi3Rff6F7 “Musaraigne indomptable”

Est-Est-Est. Glaive indomptable.
Gracier la musaraigne — délester la Gueuse. Orant.
GI


Frimas. Du jour au lendemain, la saison a tourné. Mais trop tôt. Les hommes l’ont ressenti. S’en sont plaints. Mais que faire ? Je n’ai pas le pouvoir d’accéder aux cœurs. Je n’ai pas le pouvoir d’accrocher les cieux. Leurs souhaits sont vains. Il faudrait une requête à l’ordre/l’autorité, au Général Luimeme. Je ne suis que le messager, le modeste nocher de la nuit, du feu et du fer. Je ne suis que traducteur et toujours menacé de tradicteur.

Le dernier câble est toujours plus trouble que le précédent. J’ai fait prendre toutes les dispositions pour abreuver les hommes, signe d’un prochain massacre. Tout s’explique, leurs bouches offertes au sang ; leurs veuves ; l’espoir lié dans la mission. Sauve la musaraigne = boire boire boire, à s’en faire péter la peur, à s’en découdre le cœur et avancer, sous la merde qui tombe, sur la merde qu’on piétine, à travers la merde en flottement, la purée de pois, les corps déchiquetés, les bois brisés, les bêtes agonisantes et la pluie et les balles.

Boire boire boire parce que comme ça ce n’est plus un visage ou une main, mais tous les cauchemars prennent corps dans le combat. Boire boire boire.

Je connais le Livre des Codes, le revers secret des pages dissimulé dans nos Code canonique, Code de la Guerre, Code de la guerre civile, Code de la guerre de sécession, Code des armesCode de la l’occupation et Code du terrorisme, et toutes leurs annexes comme le Guide de la guerre bactériologique, Le recueil des tortures, ou celui De la propagande.

Je prends la musaraigne entre mes doigts, son symbole éclair, son pelage qu’on mangerait, et à son évocation, et aux mouvements qu’elle impulse : orientation, et manœuvres et stratégie. Je ne perçois pourtant pas très bien encore pourtant le lien avec les autres instructions. Se peut-il que j’aie mal cerné les mots ? Se pourrait-il que la chaîne se rompe ? Se pourrait-il que le messager se soit trompé de destinataire ? Et si c’était un piège tendu par leurs araignées ?

Boire boire boire. Diluer l’angoisse dans la bouteille, diluer aussi le nom, et la parole. Ne plus avoir que des bêtes, rompues au, assoiffées de, revanchardes.

L’assaut à ce prix l’assaut à ce prix l’assaut à ce prix.

Que le mal devienne vengeance boire boire boire. Et la lâcheté résistance.

Verso d’emballage de caramel. Une astuce. Un jeu de mots, une blague. Sphinge dératée, réduite à fils de cuivre et potards fragiles et porcelaines, comme les des dents polies et brillantes dans la boue, pose ta question, venue des limbes, des sous-sols de l’histoire et dis-nous tout, dis-nous ce qu’on doit faire, et nous ferons, nous exécuterons tes ordres, pas de messager moins zélé, pas de mercure moins performatif, ordonne et j’obéis.

Sphinge de farce et attrapes, tirage au sort à la Foire du Trône. Mauvaise pioche. Combats. Front.

Je n’ai pas d’autre choix que de répondre. Répondre est ma mission. Répondre est opérer le calcul, accomplir le jeu. Je suis aux ordres. 

& Réponse est mon nom. Même si je ne saisis pas tout, je suis tradicteur, aussi, traducteur, j’en saisis assez, le message est plus condensé au centre, les marges sont négligeables, pense à la frappe d’un obus, on ne vise jamais à coté de sa cible, on ne pisse pas à côté du trou. Les dommages collatéraux sont nécessaires. C’est l’état de guerre. C’est la mobilisation générale. Je ne suis pas ici pour plaisanter.

Réponse est mon nom. Qu’on leur serve du vin blanc. 

Mission sp76jugi999 “Rosée profonde”

Rentrer. Promouvoir la rosée en instance, coopter la luciole, dépiauter du km.
GI


1er décryptage : le ventre
La nuit est longue et le régiment affamé. GI pris de nouveau dans une guerre dont on ne connaît pas le nom. Les hommes ont faim. GI blêmit de les voir chétifs. La culpabilité est un ver solitaire, y mettre un terme serait aisé mais les ordres attendus ne viennent pas.
Non loin, ils le savent tous, il y a l’Auberge Bleue, l’aubergiste aux yeux rieurs, la natte repliée sur son front, les yeux si clairs qu’on pourrait croire qu’ils luiront dans la nuit.
Non loin – de l’autre côté d’une ligne de front, à moins d’un kilomètre, des vivres pour des jours. Gi dans la nuit reçoit du siège central un message en langue étrangère, le traducteur délire tant il est affamé. L’enjeu : s’ériger en maître de l’aube. Je répète : s’ériger en maître de l’eau. Variante : s’ériger en maître du lot. On sait de source fraîche que l’auberge bleue reçut en ces jours décisifs approvisionnement de victuailles, charcuteries, lait frais. La femme aux yeux très clairs acceptera d’en livrer bonne part. Un homme, à l’aube, s’il est assez vif, saura pénétrer en camp adverse, et on ne remarquera pas plus sa présence parmi les autres hommes que celle d’une goutte de rosée sur une herbe sèche, l’instant d’avant. A l’aube encore, ses yeux si clairs seront surcroît de lumière, d’une main experte elle puise dans le stock et remplit le sac de l’émissaire de chapelet de saucisses. Pour des raisons qui lui appartiennent, trahir n’est pas trahir

2ème interprétation : le cœur
Ma petite clarté, mon ange, ma destinée. Les eaux montent. Je souffre de n’avoir pour toi que ces mots de deuxième main, quand tu attendrais peut-être l’une de ces longues lettres que les voies officielles ne me permettent de destiner qu’à mon épouse, mais je sais qu’au moins ces pauvres messages te parviennent, et que tu sauras réécrire, dans tes longues nuits solitaires à la flamme d’une bougie secrète, le message originel que je n’ai pu former de ma main. Je sais, que mon cœur parle au tien. Je ne rentrerai pas avant longtemps, ici la faim fait rage et les hommes n’en peuvent plus de marcher. Ma bien-aimée, ma lumière. Lorsque nous nous verrons, c’est toi que je dévorerai.
N’oublie pas, je t’en prie, de transmettre après l’avoir lu ce message à Qui De Droit. Toi qui as bien voulu m’initier, aux mystères verticaux. T’écrire est déjà Lui écrire.

3ème lecture : l’œil
Cette lumière qui m’aveugle est ta présence et ton absence est ta présence et ton absence et ta présence est ton absence et ta présence. Au loin ventre de la distance incomptée en rose dont le cœur est distinct de son centre lumière ô petite clarté pénétrer en ton nom j’entends la rose et la rosie et tu écartes mon cœur et entre mes deux yeux j’y perçois un parfum au seuil-seuil qui me tue te conquérir enfin rentrer en ta présence et clore-pororter le souffle asphyxie pleine priczme tranchant tu épétales ma roseur mon sang-sève madé chihure de l’œilpeau quatre et clore essaimer rôtisme de lalu-noyée cination ra sept et douze au multiple coproi. tiocipiette bouffe-bouffe au digénérer – râle. stanza-stanza-stanza-

Nagoya mon amour : de quoi la biodiversité est-elle le nom ?


Biodiversité, objet de toutes les préoccupations de l’hypercontemporain… et terme qui recouvre différentes réalités, et différents enjeux. Terme qui peut aisément, aussi, être posé comme une borne, à la croisée des chemins : biologie, écologie, bien sûr, mais aussi philosophie, éthique, économie, géographie… A vrai dire, c’est moins la définition de la biodiversité qui est changeante que la forme des attentions qui se portent sur elle.

Et ces attentions partagent rarement les mêmes valeurs. Aujourd’hui, quand on parle de biodiversité, on dit qu’elle s’érode, comme s’érode une montagne, un sol : socle la biodiversité ? Racine ? Ou arbre ?


1. Définir ?

Définir est utile mais peut se révéler également spécieux : il réduit les explorations marginales d’un terme, là où les sèmes se mélangent, et le “rigidifie” dans une acception pratiquement définitive. Pour le mot biodiversité, on recourt généralement à trois première définitions : la biodiversité spécifique où la variété d’êtres vivants présentes en un lieu donné ; cette définition très générale s’étaie de deux compléments : en “amont”, la biodiversité génétique, c’est-à-dire la variété des gènes (par exemple au sein d’une même espèce) ; en “aval”, la biodiversité écologique, c’est-à-dire la variété des habitats.

Cette définition nécessite alors, rapidement, qu’on s’entende sur une définition commune du vivant. Qu’est-ce qui est vivant ? Une définition simple consiste à considérer comme être vivant ce qui associe les trois (et toutes les trois en même temps) propriétés suivantes (Joël de Rosnay) : l’autoconservation (qui est la capacité des organismes à se maintenir en vie par l’assimilation, la nutrition, les réactions énergétiques de fermentation et de respiration), l’autoreproduction (leur possibilité de propager la vie) et l’autorégulation (les fonctions de coordination, de synchronisation et de contrôle des réactions d’ensemble). On peut éventuellement inclure l’évolution comme la dynamique générale du vivant au-delà des entités de l’individu et de l’espèce.

C’est ainsi que, pour autant qu’ils sont organiques (constitués de cellules organiques) ou produits par un organisme, les graines et les spores, les gamètes, les virus, certaines variétés et races (agricoles par exemple), certaines formes cybernétiques ne sont pas des êtres vivants en tant que tels.

Les virus, par exemple, sont tantôt considérés comme des êtres vivants, tantôt non : bien que constitués de séquences d’ADN ou d’ARN, ils ne disposent pas de la fonction métabolique. Le feu, qui réalise la fonction d’oxydation propre à la digestion, n’est pas un être vivant. Le mouvement n’est pas un critère suffisant pour définir le vivant, et l’eau et le vent ne sauraient en être.

Ce sont les critères qui définissent le vivant qui vont donc inclure ou exclure des organismes. La question qu’on peut poser également dès l’abord : les Pokémons sont-ils des êtres vivants ? Dieu est-il un être vivant ? En tout état de cause, on ne peut nier que les pokémons ou les dieux sont des êtres vivants.


2. Classer, trier, ranger

Une fois qu’on s’est entendu sur la définition commune du vivant, il faut encore prendre en considération le niveau d’étude, soit à l’intérieur d’un individu (mais qu’est-ce qu’un individu ?), soit à l’intérieur de l’espèce (mais qu’est-ce qu’une espèce ?), soit à l’intérieur ou d’un habitat (mais qu’est-ce qu’un habitat ?)… et l’on voit qu’on pourrait encore propager les définitions.

Sans occulter l’importance de ces questionnements, on peut essayer de les rassembler dans le dispositif ou l’attention qui les sous-tend tous les trois, et consiste en l’élaboration d’un guide critériologique. J’emploie à dessein cette périphrase peu élégante afin de me défaire de la distinction à présent établie (à l’école par exemple) entre trois termes qu’on ne peut plus confondre : ranger, classer, trier.

Quel que soit le verbe qu’on choisisse (personnellement je ne fais pas une distinction exacerbée), ce qu’il faut retenir c’est 1. le critère de différenciation (ou le caractère) qui permet de séparer un ensemble en deux sous-ensembles selon une différence (à quelque niveau qu’elle se situe : ordre alphabétique, morphologie, fonction écologique, etc.), et 2. la catégorie ainsi créée, ou la boîte qui permettra par la suite une lecture du monde qui est une organisation de ces boîtes.

Pour citer une référence très célèbre, on trouve chez Jorge Luis Borges, une encyclopédie chinoise qui classe les animaux de la manière suivante :

  • appartenant à l’Empereur
  • embaumés
  • apprivoisés
  • cochons de lait
  • sirènes
  • fabuleux
  • chinchards
  • chiens en liberté
  • inclus dans la présente classification
  • qui s’agitent comme des fous
  • innombrables
  • dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau
  • qui viennent de casser la cruche
  • qui de loin semblent des mouches
  • autres…

Cette organisation nous paraît absurde, puisque on ne trouve pas de critère distinctif qui permette les différentes catégories ; on ne retrouve ni les caractères ni les boîtes et on est plongé dans l’inquiétude et l’inconfort qui peut être aussi celui de l’exotisme…

Il faut pourtant bien comprendre qu’une telle liste n’est pas plus absurde, c’est-à-dire pas plus arbitraire que la classification linnéenne ou la classification phylogénétique. En effet, toute classification est une lecture du monde, une construction (supplémentaire) de langage : elle est donc orientée et fautive, de fait. La seule “vérité” (la justesse) étant la biodiversité elle-même.

Comme on comprendra, il n’est pas ici question de justifier tel ou tel classement, ou de proposer une théorie propre à la biodiversité, pas plus que de déplorer son érosion, d’en lister les causes ou de proposer des solutions. Il s’agit ici de parcourir les différents réflexes ou les intentions plus ou moins déclarées de la connaissance (observation et classification), de la préservation et de la gestion de la biodiversité.


3. En effets

Sous forme de liste, voici les principales préoccupations qui animent, qui devraient animer, n’importe quel gestionnaire, n’importe quel naturaliste, et sans doute n’importe quel penseur sur l’écologie comme fait humain, concernant la biodiversité.

L’effet papillon

On nous répète à l’envi que “le battement d’ailes d’un papillon en Amérique latine peut provoquer un tremblement de terre en Europe…” Ceci pour indiquer l’interrelation constitutive du vivant sur la planète — et donc la nécessité de considérer le continuum du vivant comme une pellicule sur la planète (terme qu’on donne parfois à la biosphère, partir du globe où se meut le vivant). Cette bonne résolution indiquerait, en tout état de cause, qu’il est nécessaire également de considérer l’espèce humaine comme une maille dans cette chaîne ou ce tissu et de ne pas, en conséquence, s’en extraire au prétexte de la connaissance, de l’évolution ou l’illumination (la foi) — au prétexte du langage donc, qui crée des mots absurdes comme environnement (ce qui environne, ce qui nous tourne autour).

L’effet loup

Voilà bien le sujet qui fâche : le loup aujourd’hui en France n’a pas droit de cité (ou droit de forêt). Pourquoi ? Espèce protégée, espèce également menacée, elle est pourtant régulièrement mise en cause dans le cas de prélèvements sur les troupeaux, la plupart du temps à juste titre, d’ailleurs. Mais le loup pose problème : il questionne les pratiques agricoles, devenues productivistes, qui permettent à des troupeaux immenses de se mouvoir sans berger et parfois sans chien. Le débat peut être retourné dans tous les sens : un troupeau nécessite un berger et le loup est un superprédateur. Il n’y a pas à tergiverser. Soit on éradique cette espèce, soit on l’accepte en tant que superprédateur. Les superprédateurs (loup, ours, aigle royal, hibou grand-duc, brochet) entrent tous en concurrence avec l’homme dans ses pratiques agricoles, mais aussi, de manière beaucoup plus souterraine et moins maîtrisée, dans son imaginaire, dans la mythologie, etc. Ils sont tous en danger d’extinction (hors d’Europe aussi) : n’est-ce pas un signe fort ?

L’effet panda

Comme le superprédateur dérange parce qu’il questionne en silence, certains décident de protéger à tout prix le vivant, au point qu’ils décident, comme ça, que, pour autant que l’homme est lui aussi un superprédateur, il est devenu une super menace pour le vivant. C’est un peu le revers de la difficulté qu’a l’être humain à accepter de faire partie du flux vivant ; c’en est une autre application : comme nous sommes doués de raison, nous allons “charger” les espèces d’épithètes : espèce rare ou menacée, espèce protégée, espèce invasive… Evidemment, d’un point de vue scientifique, on peut tout à fait organiser le monde qui nous entoure à notre idée, et lorsqu’on évalue objectivement, la fragilité de telle ou telle espèce, on arrive à obtenir des outils qui pourront orienter notre action (comme l’épatant travail de l’UICN et l’établissement des listes rouges). Mais le critique peut se demander : de quel droit décidons-nous que telle espèce est à protéger et telle autre à éradiquer ? Et selon quels critères, surtout, et donc selon quel point de vue ? Ces questions, il faut toujours se les poser lorsqu’on entreprend une étude d’observation, de préservation ou de gestion de la biodiversité.

Nous sommes souvent floués par notre émotivité : si les grandes ONG utilisent des mascottes c’est bien pour nous toucher dans notre sensibilité1 : le panda, le bébé phoque, sont plus “vendeurs” que la mygale ou le poulpe (ou une bactérie, un champignon) — mais agissant ainsi, on ne permet pas une prise de conscience découplée de l’anthropomorphisme, et on retombe dans les excès démiurgiques, les délires déistes de l’être humain.


L’effet pokémon (extrait d’un autre texte)

Je développerai un cas plus précisément en me penchant sur un exemple unique : les Pokémons®.

Les pokémons peuplent un monde imaginaire créé par Satori Tajiri, à l’origine pour un jeu électronique mais décliné rapidement dans toutes les dimensions qu’une franchise commerciale autorise. Le jeu de cartes est un double réel du jeu électronique.

Dans le monde des Pokémons, ceux-ci représentent des créatures disposant de capacités spéciales, des pouvoirs et toute l’intrigue de la narration (il existe une série télévisée et plusieurs films d’animation) repose sur les combats que se livrent ces créatures, les pokémons, entrainées à cet effet par des humains appelés “dresseurs”, qui les capturent dans leur milieu d’origine, les exercent et les entretiennent, les collectionnent2, et peuvent parfois tisser des relations fortes avec elles (amitié, amour, compassion, pitié, toute la gamme existe).

Le jeu possède des règles assez strictes (et codifiées) et nécessite une certaine stratégie. Les créatures quant à elles, sont décrites assez précisément selon un modèle qui ressemble à s’y méprendre aux classifications biologiques fondées sur la morphologie3.

La “série” Pokémons confond allègrement la curiosité à l’endroit de la biodiversité avec l’appât du gain et la collectionnite aiguë. Le monde vivant, censé être représenté, est le plus souvent décevant : les animaux dits supérieurs (mammifères en tête) sont légion, les autres sont le plus souvent dépréciés (arthropodes notamment), les plantes sont très rares, les autres règnes (champignons, bactéries) quasiment absents4. L’idée est de posséder des créatures, qu’on capture grâce à une “pokeball”, sphère qui peut contenir un individu de l’espèce. Enfin, il y a toujours confusion entre l’espèce et l’individu, de sorte qu’on appelle Pikachu non pas une espèce de créatures (les pikachus, parmi lesquels il y a des mâles et des femelles, des jeunes et des vieux, etc.), mais un individu singulier, Pikachu (le pikachu de Sacha, le héros de la série).

Cette impression désagréable est exacerbée par le fait même que le cri des pokémons est, dans la grande majorité des cas, leur nom, ce qui autorise cette question : est-ce parce que Pikachu dit Pikachu qu’il s’appelle Pikachu ou bien est-ce que parce qu’on appelle Pikachu Pikachu qu’il dit Pikachu ?

Cette franchise, qu’on nous présente comme un succédané de la biodiversité (et qu’on imagine donc avoir pour intérêt sa compréhension voire sa préservation), ne fait au final que trahir les pires pulsions utilitaristes, déterministes et anthropocentrées de l’être humain et noie la responsabilité en une simple chasse au trésor — et la biosphère en un terrain de jeu. En ce sens, elle ne diffère guère de la manie de certains passionnés de nature comme les adeptes des sports dits nature, certains photographes spécialiste de macro, et même des naturalistes, pour lesquels la rareté (et donc la préservation qui en découle) ou la beauté (et donc la préservation qui en découle) sont les seules valeurs attribuées au monde vivant, entendu comme un dehors que l’on est censé “gérer”. Ce qui est tout autant un manque d’humilité qu’un aveuglement.


Nagoya mon amour

Cet aveuglement est à ce point tel que l’ensemble des commentateurs ont applaudi lorsque s’est déroulée la Conférence des parties sur la convention de la diversité biologique à Nagoya du 18 au 29 octobre 2010.

Or cette conférence a clairement exposé ses intentions et ses actions : la biodiversité est au service de l’être humain ; sa connaissance est primordiale (il faut donc poursuivre les recherches, favoriser les cartographies, notamment les cartographies d’espèces protégées et les cartographies d’habitats), tout comme sa préservation : elle va pouvoir revêtir une valeur fiduciaire, financière et pénétrer ainsi sur le marché ; les états vont pouvoir s’échanger des “points-biodiversité”, etc.

On écrit des rapport sur l’économie des écosystèmes et de la biodiversité : par exemple ici, ici, ici, ici, ou encore, de Bernard Chevassus-Au-Louis, Jean-Michel Salles, Jean-Luc Pujol, Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes – Contribution à la décision publique, Centre d’analyse stratégique, 2009, téléchargeable ici : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics//094000203/0000.pdf.

L’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire a identifié quatre catégories de “services pour l’homme5” :

  • les services support ; ce sont les sols pour l’agriculture par exemple ;
  • les services d’approvisionnement ; eau, chasse et pêche, etc ;
  • les services de régulation ; concernant par exemple le climat ;
  • les services culturels et sociaux ; tourisme par exemple !

Je cite l’un de ces documents effrayants :

1. Les services support – sont ceux qui sont nécessaires pour la production de tous les autres services de l’écosystème. Ils sont différents des trois premières catégories de services, par le fait que leurs effets sur les hommes sont soit indirects soit apparaissent sur des longues périodes de temps.
Ainsi, certains services, tel que le contrôle de l’érosion, peuvent être caractérisés aussi bien comme « support » ou « de régulation » en fonction de l’échelle de temps des effets de ses changements sur les êtres humains.
Par exemple, les êtres humains n’utilisent pas directement les services de formation de sol de l’écosystème (services « support »), même si des changements dans ce service affecteraient indirectement les êtres humains par l’effet sur la production alimentaire.
De la même manière, la régulation du climat est caractérisée comme étant un service de « régulation » car les changements de l’écosystème peuvent avoir un effet sur le climat local et/ou global à des échelles courtes, comparables avec l’échelle de la vie humaine (décennies ou siècles), alors que la production d’oxygène par le processus de photosynthèse est un service « support » car tout impact sur la concentration d’oxygène de l’atmosphère et sur sa disponibilité aux humains ne se manifesterait qu’à une échelle très longue de temps.
Des exemples de services support sont la production primaire, la production d’oxygène atmosphérique, la formation et la rétention du sol, les cycles bio-géo-chimiques, le circuit de l’eau, et l’offre de habitat.

2. Les services d’approvisionnement permettent aux hommes d’obtenir des biens commercialisables, par l’exploitation des écosystèmes tels que :
– la nourriture, les fibres. Cette catégorie inclut une large catégorie de produits alimentaires dérivés de plantes, animaux, bactéries, ainsi que des matériaux tels que le bois, le jute, le chanvre, la soie…
– le combustible. Bois énergie, tourbe, le fumier et autres matériaux qui servent de sources d’énergie
– les ressources génétiques – incluent les gènes et l’information génétique utilisée pour l’élevage des animaux, la culture des plantes et la biotechnologie.
– les substances chimiques – beaucoup de médicaments, biocides, additifs alimentaires tels que les alginates, et matériaux biologiques sont dérivés des écosystèmes.
– les plantes médicinales (menthe de Milly-la-Forêt)
– les ressources ornementales – sont les produits tels que les peaux et les coquillages, les fleurs utilisées comme ornements, même si la valeur de ces ressources est souvent déterminée par le contexte culturel de leur usage.
– les matériaux de construction – bois, sablons, etc.
– la faune chassable

3. Les services de régulation – sont des bénéfices obtenus de la régulation des processus des écosystèmes, tels que :
– le maintient de la qualité de l’air : les écosystèmes apportent des produits chimiques et extraient des produits chimiques de l’atmosphère, influençant ainsi la qualité de l’air.
– la régulation du climat : les écosystèmes influencent le climat aussi bien à échelle locale qu’à échelle globale. Par exemple, à échelle locale, des changements dans l’occupation du sol peuvent influencer aussi bien les températures et le régime des précipitations. A échelle globale, les écosystèmes peuvent jouer un rôle important dans le climat, soit en séquestrant soit en émettant des gaz à effet de serre.
– le cycle de l’eau : la récurrence et la l’importance du ruissellement, des inondations, et la recharge des aquifères peuvent être fortement influencés par les changements dans l’occupation des sols, par des altérations qui peuvent changer le potentiel de stockage de l’eau au niveau de l’écosystème. De telles altérations peuvent être déterminées par la conversion des zones humides ou des forêts en zones agricoles, ou des zones agricoles en zones urbaines.
– le contrôle de l’érosion – la couverture végétale joue un rôle important dans la rétention du sol et dans la prévention des glissements de terrain.
– la purification de l’eau et le traitement des déchets. Les écosystèmes peuvent apportés des impuretés dans l’eau, mais peut aussi aider à filtrer et décomposer les déchets organiques introduits dans les zones humides, les eaux intérieurs et les écosystèmes marins.
– la régulation des maladies humaines. Les changements dans les écosystèmes peuvent changer directement l’abondance des pathogènes humains ; tels que le cholera, et peut altérer l’abondance des vecteurs de maladies, tels que les moustiques.
– le contrôle biologique – les changements des écosystèmes peuvent affecter la prévalence des maladies et des prédateurs des cultures et du cheptel.
– la pollinisation – les changements des écosystèmes peuvent affecter la distribution, l’abondance et l’efficacité de la pollinisation.
– la protection contre les tempêtes et contre les inondations – par exemple, la présence des écosystèmes forestiers peut diminuer l’intensité des vents et/ou des eaux

4. Les services culturels et sociaux – sont des bénéfices non-matériels obtenus par les hommes à partir des écosystèmes à travers l’enrichissement spirituel, le développement cognitif, la réflexion, la création, les expériences esthétiques, comprenant :
– l’offre d’emploi, qui est le résultat de la gestion, restauration, protection etc. des écosystèmes
– les valeurs éducatives : les écosystèmes et leurs composantes fournissent une base pour l’éducation dans beaucoup de sociétés.
– source d’inspiration – les écosystèmes offrent une source d’inspiration riche pour l’art, le folklore, les symboles nationaux, l’architecture et la publicité.
– les valeurs esthétiques – beaucoup de personnes trouvent de la beauté ou des valeurs esthétiques dans des aspects variés des écosystèmes ; ceci se reflète par exemple dans les visites des parcs, des « paysages » et dans le choix des localisations pour construire des maisons.
– des relations sociales – les écosystèmes influencent les relations sociales. Par exemple, le fait de bénéficier des aspects esthétiques et récréatives des écosystèmes (forestiers, parcs urbains…) peut contribuer au renforcement des liens sociaux (ex. : entre les jeunes d’un groupe, entre les voisins…).
– les valeurs « patrimoniales » : beaucoup de sociétés apprécient le maintien de paysages historiquement importants (« paysages culturels ») ou d’espèces ayant une signification culturelle.
– recréation et éco-tourisme – par exemple, les gens choisissent souvent les endroits de leurs vacances en fonction des caractéristiques naturelles du lieu.
Bien-être : Le bien-être de l’Homme est composé de multiples éléments dont, les éléments de base pour une vie agréable, la liberté et la possibilité de choisir, la santé, les bonnes relations sociales et la sécurité. Représenté sur un continuum, le bien-être est à l’opposé de la pauvreté définie comme une “absence prononcée de bien-être”. Les constituants du bien-être tirés de l’expérience humaine et tels que perçus par les hommes sont dépendants des situations elles-mêmes reflet des conditions géographiques, culturelles et écologiques locales.

Je trouve ainsi des sites qui “vendent” de la biodiversité (comme Néoconservation.org6

Plutôt que de répéter mal les questionnements citoyens et/ou de certains scientifiques sur les intentions réelles de cette subite considération de la biodiversité, je préfère ici renvoyer aux deux émissions consacrée à la Conférence par Ruth Stégassy pour son émission Terre A Terre sur France Culture (lorsque ces émissions ne seront plus disponibles à l’écoute, on pourra s’adresser à la revue).
http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-conference-des-parties-de-la-convention-sur-la-diversite-biologique-cop-10-la
http://www.franceculture.fr/emission-terre-a-terre-nagoya-2-conference-des-parties-de-la-convention-sur-la-diversite-biologique-

Il conviendrait que les naturalistes, les chercheurs, les médecins, les biologistes se posent une question, se penchent sur ce problème. Lorsque l’économie libérale s’intéresse à un domaine qu’elle va chercher à monétiser et sur lequel elle est prête à déposer des brevets, donc à décréter des états de propriété, on peut penser que ce n’est pas avec les meilleurs intentions “environnementalistes”.

Malheureusement, et malgré tout notre équipement scientifique, théorique, philosophique voire religieux ou psychanalytique, nous n’en démordrons pas : nous sommes pris dans le mouvement, pris dans la masse. Nous faisons partie de ce tout, et ne pouvons, ne pourrons jamais nous en défaire. Considérer que l’on s’exclue de l’ensemble revient à nier toute réalité sensible ou esthétique ; consiste à objectiver le réel et le réifier ; consiste à se prendre pour dieu — ce qui est absurde. Nous devons nous considérés idiots, indiens, des captifs éclairés, pas — jamais — des savants fous.


Benoît Vincent | Novembre c’est moi(s)

1. |

1. 1. |

1. 1. 0. |

1. 1. 1. 1. 1. 0. |

Comme un programme | |

Comme un programme en langage binaire. | || |

Comme si ||| comme s’il y avait de la joie dans la répétition. Du binaire. || || | | comme si la litanie des chiffres, celle qui s’érige en rythme, comme si des bras levés ou des éclats d’obus, ou comme des bâtons, des lances, des fusils dressés pour | || C’est une troupe, un régiment, un convoi, une horde. Les hommes : leurs armes font comme des statues ou des piliers, avancent comme scolopendre ou scutigère, et dans leur dandinement articulé et ridicule, la tortue ou la quinconce, ils cherchent à reproduire la maison. Il se réclusent, tout encombrés de leurs armures ou leur harnachement, dans le domestique. |

Joie dans la répétition. Two words falling between the drops and the moans of his condition ||

Cette meute bâtit son propre monument. | || | || ||| Leurs corps tranquilles-sans souffle, deviennent la raison pour laquelle d’autres montent au front. Ce dehors ils en font un dedans, ce dedans est leur dehors, ils rythment. || || | || Binaire. Rythme. Battement. || ||| | |

Le monument est la maison de la guerre. Ce qui est se meut dans l’alternance des 1 et des 0, dans le binaire, le rythme ou le battement, c’est tout le possible de parler, d’écrire. Des traits noirs sur du papier blanc. || 11/11 ça me parle. | 11/11 c’est mon mois, c’est moi(s). || | || | || ||| | 11/11 c’est lili. | || |||| | || lIlI. || | ||| Tout se répète. Tout se reproduit. | || | ||| || C’est tout le possible de (se) reproduire | ||| | || || | || | |

Ma question est grave, terrible. Elle est le malheur de ton existence. Elle met en doute ta réponse. Regarde la ville, les noms des rues, les monuments. | || | || || Ce monument. Je suis ce monument, de colonne érigées, de bras levés, de fusils dressés. Les pieds battent, les cœurs pulsent, le régiment, la cohorte, la litanie avance. |

« Novembre c’est moi ! » Novembre c’est moi, et chaque année je répète ce rituel à présent bien établi. La rencontre du maire, du conseiller qui se dit général, du sénateur. Leurs mains moites et leurs cheveux gras. L’obséquiosité de leur trompettes. | || | ||| | | ||| Code || || || | | || || | || | | ||| | | Leur regard livide et obscène. | | ||| Barre | Qu’en savent-ils, au fond ? | | Quelles obsèques ! Chaque année remettre le couvert et quand je rentre, éméché, du monument, je ne peux que m’assoir devant le manoir, sur le monticule ou dans le gazon, en songeant aux espoirs des hommes jetés dans la boue comme des chiffons qui se déchirent. ||

L’espoir est une denrée périssable, voilà ce que je dis, et je ||

Ma vie entière s’est placée devant moi comme un fantôme. Flaubert, Novembre.

Parham Shahrjerdi, Pierre-Antoine Villemaine Benoît Vincent | Poste restante


Dans l’optique de la création de cette revue, qui misait plus autrefois sur les possibles du web 2.0 (et non comme ici effectivement, sur ce site provisoire de php et d’html écrit), les trois instigateurs se sont donnés pour mission d’écrire un texte à plusieurs voix avec l’aide du courriel. Un premier courriel était envoyé de l’un aux deux autres, puis, amendé, émondé, il était de nouveau transmis. Peu à peu, après plusieurs échanges plus ou moins symétriques et organisés, un texte prenait forme. On l’appelait Poste restante, et le voici tel que fermé dans son élan. BV.


A même le néon
Traces en Times New Roman
Sans histoire
Et visages lumineux
Envoyés pour faire-part


un Timbres,
Imagine un dialogue entre toi et moi, de sorte qu’aucune réponse ne puisse survenir à temps qu’au-dehors d’un cadre élastique il n’y ait en vérité aucune réponse possible


?
peux-tu imaginer cela ?

?


à même l’écran écrire à même l’écran,
de sorte que je ne sache pas même à quelle destination écrire (pourtant avec quelle obstination)


deux Je reçois des courriels d’une jeune femme mais je ne les trouve jamais car ils sont datés de 1976 et donc se retrouvent au fond de la liste

Je connais que j’ai de nouveaux messages mais je ne les trouve pas.`

Elle a écrit ces messages avant même que je naisse.


De : xxxxxx.xxxxxx@orange.fr
Objet : Rép : 2/2
Date : 25 mai 1976 17:00:35 HAEC
A : poste_restante@xxxxxxx.fr


Mais comment pouvait-elle me connaître ?

Puis internet était réservé à une élite…

Comment fait-elle ?


Très léger
Quasi imperceptible
Le temps d’arrêt
Le geste en réserve

N’est pas encore
La décision
Tu le crois
Mais l’instant décisif est perpétuel (K. )

Absent à la pensée
Je faux
Je cède
Acquiesce au moins dire encore



trois Oblitérer
Pour boucler la boucle d’encre sur l’enveloppe, il a fallu DECISIFS comprendre le trajet même de ce trait blanc

Il a fallu que cet écho dévolu se souvienne de son retour

De manière éhontée revienne sur SES PAS

Dans les margelles de peau oubliées des chemins
Et vers d’abstraites strates qui colmatent la mémoire
Qui n’est jamais qu’un peu d’ambre
Posée sur les ongles, DERRIERE LES PAUPIERES


Corps glorieux


Elle a envoyé son portrait retouché sur la toile. A déposé un visage lisse, délicatement flouté fondu dans la lumière clinique. Elle ne sourit pas. Je ne reconnais pas ce visage de lumière. Il est sans gravité, sans perspective, sans empreinte, sans odeur. Interdit à la touche. Nous l’appellerons Laura. Imagine ! Au lointain, en réserve, derrière la paroi du visage, derrière la vie sèche de l’image, vibrerait un éclat brun, terreux, un regard géologique qui vous scanne.


Que dire ?
Quelqu’un se laisse traverser par ce qui arrive

Par ce qui devrait arriver il se laisse traverser


Non


Quelqu’un se jette pour que quelque chose le traverse

Le trajet de celui qui glisse :

Son ombre le traversa.


Et que dire, ensuite ?
[Le fichier joint est une image. Elle se laisse faire]



quatre Et jusqu’où se laisser faire par ce qu’on attend qui ne vient pas

Le courrier est toujours en retard
Il est toujours trop tard
Quelqu’un se joue pour que se joue le passage
Quelque chose traverse
Le moins dire


Décisifs ses pas derrière les paupières

Benoît Vincent • Thomas

Benoît Vincent est botaniste et écrivain. Il publie plusieurs textes dans des revues de poésie, comme Po&sie ou Voix d’Encre. Il entreprend la publication de La littérature inquiète, divagation critique et poétique autour des œuvres de MB et Pascal Quignard. Les deux volumes ont parus chez Publie.net. Il est également du projet Instin, site, et livre(s?). Thomas, l’un des morceaux de BISrepetita, trio auquel il participe devrait sortir en 2011, est bien sûr issu de Thomas l’obscur, unique version de 1950. Elle est également dédiée à Thomas Régnier.


Thomas s’assit et regarda la mer
Elle était faite pour lui plaire
Immobile comme le sommeil
Inutile comme le ciel
Oh Thomas
Oh Thomas

Thomas plonge alors en la ville
Dans ses couloirs et galeries
Des figures obscènes qui lui viennent
Secouent les fantômes qui le tiennent
Oh Thomas
Oh Thomas

Thomas grimpe dans les coursives
Ses falaises sont réveillées
Il va de visage en visage
Il envisage
Oh Thomas
Oh Thomas
Oh Thomas
Oh Thomas

(Alors Thomas abandonne
Il se précipite et dans sa chute)
Déjà plus obscur que les ténèbres
Je suis la nuit de la nuit

Déjà plus obscur que les ténèbres
Je suis la nuit de la nuit

Déjà plus obscur que les ténèbres
Je suis la nuit de la nuit

Déjà plus obscur que les ténèbres
Je suis la nuit de la nuit