Parham Shahrjerdi, Pierre-Antoine Villemaine Benoît Vincent | Poste restante


Dans l’optique de la création de cette revue, qui misait plus autrefois sur les possibles du web 2.0 (et non comme ici effectivement, sur ce site provisoire de php et d’html écrit), les trois instigateurs se sont donnés pour mission d’écrire un texte à plusieurs voix avec l’aide du courriel. Un premier courriel était envoyé de l’un aux deux autres, puis, amendé, émondé, il était de nouveau transmis. Peu à peu, après plusieurs échanges plus ou moins symétriques et organisés, un texte prenait forme. On l’appelait Poste restante, et le voici tel que fermé dans son élan. BV.


A même le néon
Traces en Times New Roman
Sans histoire
Et visages lumineux
Envoyés pour faire-part


un Timbres,
Imagine un dialogue entre toi et moi, de sorte qu’aucune réponse ne puisse survenir à temps qu’au-dehors d’un cadre élastique il n’y ait en vérité aucune réponse possible


?
peux-tu imaginer cela ?

?


à même l’écran écrire à même l’écran,
de sorte que je ne sache pas même à quelle destination écrire (pourtant avec quelle obstination)


deux Je reçois des courriels d’une jeune femme mais je ne les trouve jamais car ils sont datés de 1976 et donc se retrouvent au fond de la liste

Je connais que j’ai de nouveaux messages mais je ne les trouve pas.`

Elle a écrit ces messages avant même que je naisse.


De : xxxxxx.xxxxxx@orange.fr
Objet : Rép : 2/2
Date : 25 mai 1976 17:00:35 HAEC
A : poste_restante@xxxxxxx.fr


Mais comment pouvait-elle me connaître ?

Puis internet était réservé à une élite…

Comment fait-elle ?


Très léger
Quasi imperceptible
Le temps d’arrêt
Le geste en réserve

N’est pas encore
La décision
Tu le crois
Mais l’instant décisif est perpétuel (K. )

Absent à la pensée
Je faux
Je cède
Acquiesce au moins dire encore



trois Oblitérer
Pour boucler la boucle d’encre sur l’enveloppe, il a fallu DECISIFS comprendre le trajet même de ce trait blanc

Il a fallu que cet écho dévolu se souvienne de son retour

De manière éhontée revienne sur SES PAS

Dans les margelles de peau oubliées des chemins
Et vers d’abstraites strates qui colmatent la mémoire
Qui n’est jamais qu’un peu d’ambre
Posée sur les ongles, DERRIERE LES PAUPIERES


Corps glorieux


Elle a envoyé son portrait retouché sur la toile. A déposé un visage lisse, délicatement flouté fondu dans la lumière clinique. Elle ne sourit pas. Je ne reconnais pas ce visage de lumière. Il est sans gravité, sans perspective, sans empreinte, sans odeur. Interdit à la touche. Nous l’appellerons Laura. Imagine ! Au lointain, en réserve, derrière la paroi du visage, derrière la vie sèche de l’image, vibrerait un éclat brun, terreux, un regard géologique qui vous scanne.


Que dire ?
Quelqu’un se laisse traverser par ce qui arrive

Par ce qui devrait arriver il se laisse traverser


Non


Quelqu’un se jette pour que quelque chose le traverse

Le trajet de celui qui glisse :

Son ombre le traversa.


Et que dire, ensuite ?
[Le fichier joint est une image. Elle se laisse faire]



quatre Et jusqu’où se laisser faire par ce qu’on attend qui ne vient pas

Le courrier est toujours en retard
Il est toujours trop tard
Quelqu’un se joue pour que se joue le passage
Quelque chose traverse
Le moins dire


Décisifs ses pas derrière les paupières