Laurence Morizet | Rails


Laurence Morizet , photographe et céramiste, s’intéresse également à la sculpture et au dessin. Elle se penche également sur l’image en mouvement et sonore. Nous lui avons proposé de choisir entre plusieurs livres, elle a retenu La folie du jour. Et puis elle nous a proposé un tryptique : deux textes, dix photographies et vidéo. Les voici.



1, textes

Il suffit encore

Il suffit encore de se taire
une fois
de s’infiltrer aux cadres de ces roues d’enfants qui hésitent et reprennent le cours.

Un instant d’aguets
de tout ce qui insiste à n’être que hasard.
Une empreinte écrite à cette chaussée de goudron, pénétrée de la porte cochère,
d’où se cognent tant d’évènements opaques, différents.

Offensante et clairvoyance

Ce qui est enlace ce qui devrait être je m’abandonne à ce monde rare
je me rends.

Tandis qu’en suspension cinglante, apparaissent l’épanouissement et la déchéance
ventre à ventre, passionnés de leur étreinte en flamme.
Leur œil tourné vers moi, moi, moi.

Ce petit inquiet déborde de tous côtés de ses définitions stériles.
Déjà défunt, pour un temps
pantelant aux sales branches de l’hiver, nu
et voué à l’échec

Le gouffre mange la suite
l’autre reprend son pas d’après le recul
tout semble oublié

Mais la griffure laissée là, derrière
me quitte orpheline, tremblante de mémoire,
à humer en mensonge l’air à venir

L’espoir s’exhibe

La sentence est néanmoins tombée, le couperet accroché à mon souffle.
J’étais enfin morte et me voilà vivante
Encore

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Aube à naître

Les traits du monde se désenchantent
dépouille la lumière de son nom

Te voilà qui reviens,
qui reparcours nos grâces,
percevant à quel point cette démarche m’est fatale
Mes hurlements n’arrêtent pas ton oreille, insensible à mes extrêmes
Et ce miroir de nous, toujours suffoquant

Le vert des collines sous mes pieds pauvres, se déploie pour t’éloigner.
La peine perdue pour nous,
pour tous,
de celui qui cherchent encore, parmi les nids et les gloires, les instants.
Quels seront les siens ?

Le temps éclate
clair
insoluble
déborde nos œillères, nos prudents partages.
Les pourquois de nos chagrins, les comments croire,
ces lieux insoumis, blêmissent, isolés de leur propre éclat.

La vulgaire blancheur et criarde déchire en ses bords la matière rassurante.
Voir et connaître s’arrachent à cette frontière, les paupières plissées de tant de jour.

Le silence ici, est assourdissant

Me cacher de cet oeil, de ce doigt immense,
tanières et terriers,
le gré des sources et de ses ombres.
De ses mousses.

Tu regagnes la place que je t’ai connue, parsemée d’autres

Alors tant pis,
le tempéré m’accueille là, dans ses graines délicates,
de sa douce rosée.
Des myriades de perles, tranquilles,
me content le souvenir aveuglant blafard, de ce nous éperdu

de cette aube à naître

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2. Images

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3. Vidéo